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Le timing en combat – La faculté la plus importante ?

Introduction

Le timing en combat est probablement la faculté la plus importante. Comme disait Ryron Gracie, le jiu-jitsu c’est attendre le bon moment pour faire le juste mouvement. C’est vrai pour le jiu-jitsu, et c’est encore plus vrai pour la totalité des arts martiaux. Tout est une question de timing.

Améliorer son timing en combat

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Vous pouvez être l’homme le plus fort au monde, si vous ne frappez pas au bon moment, vos frappes n’auront aucune efficacité, ou en seront fortement réduites. Vous pouvez envoyer 10 frappes à la seconde, si vous ne touchez pas au bon moment, cela ne sert à rien.

Alors qu’est-ce que le timing ? Comment le développe-t-on ? C’est ce que nous allons découvrir dans cet article. Nous verrons surtout que le timing est plus un concept sur lequel se concentrer qu’une aptitude quantifiable et mesurable.

Qu’est-ce que le timing

Le timing est un terme anglophone qui signifie littéralement « être dans le temps ». Comme nous l’avons vu plus haut, le timing c’est faire le bon mouvement au bon moment.

Le timing est présent dans pratiquement tous les sports, que ce soit le tennis, le football, ou le ski. C’est un composant essentiel du sport, car c’est précisément le timing qui peut vous faire perdre ou gagner une rencontre, un match ou un combat.

Esquive en boxe

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Dans le timing, nous avons donc deux notions très importantes. Le bon mouvement ; et le temps adéquat.

Le bon mouvement est relatif à la qualité technique et à la répétition. Il s’agit que ce soit en karaté, en boxe, en judo, en jiu-jitsu ou en self-défense de la répétition d’une technique précise. La qualité de timing demande par conséquent une bonne connaissance technique de notre sport. Mais ce n’est à mon avis pas le plus important.

Ce qui prime à mon avis dans le sens du timing est relatif au rythme et au temps. Timing signifie être dans le temps ! Faire le mouvement au bon moment demande un rythme très précis. Vous devez maîtriser votre rythme et surtout ressentir celui de votre adversaire. Tout ceci se fait bien inconsciemment, mais cela se produit ainsi. Les pires KO ne viennent pas forcément des frappes les plus puissantes, mais de celles qui vous ont le plus surprises. Frapper à contretemps demande une perception développée du rythme et un excellent sens du timing.

Le timing en combat n’est pas une technique définie

Un bon sens du timing demande en général un bon niveau technique, simplement pour avoir plus de facilité à réaliser la technique en question. Car si vos mouvements vous demandent trop d’effort, votre instinct ne pourra pas s’exprimer correctement, donc votre sens du timing sera lui aussi limité.

Mais, le sens du timing n’est pas une technique définie. Essentiellement, le sens du timing est se porte sur un niveau de perception (cerveau droit) et non sur le comportement logique (cerveau gauche).

Le sens du timing en combat est donc difficilement enseignable à l’aide de schémas ou d’explications séquentielles. C’est avant tout du ressenti.

Corrélation rythme et timing

Un bon sens du timing demande un bon sens du rythme. Le timing en combat demande obligatoirement de se calquer sur le rythme de son adversaire, consciemment ou inconsciemment.

Corde à sauter

En combat, le sens du rythme est souvent dévalorisé par rapport à des notions comme la puissance, la vitesse et l’endurance. Pourquoi ? Parce que c’est une notion plus abstraite et difficilement quantifiable. Pourtant, si vous n’êtes en pleine conscience de votre rythme et de celui de votre adversaire, « être dans le temps » devient très vite compliqué.

Développer son rythme pour le combat, améliorera grandement votre capacité à faire le bon mouvement au bon moment !

Le timing en combat

Encore une fois, pour les arts martiaux et les sports de combat, le timing des sports de percussion est différent de celui des sports de préhension.

Nous avons dans une catégorie, les sports de boxe, le karaté, le taekwondo, et tous les sports de frappe. La notion de rythme est ici plus importante, car bien souvent, nous sautillons. Et si nous sautillons, nous sommes obligatoirement dans un rythme donné. Ce même rythme va guider la cadence de nos déplacements et de nos frappes. Il est essentiel de ressentir notre rythme et celui de notre adversaire.

Dans l’autre catégorie, nous avons les sports comme le judo, le jiu-jitsu et la lutte par exemple. Ici la notion de rythme est moins marquée, ou du plutôt moins visuelle que dans les sports de percussion, mais elle existe tout de même. Déceler le rythme de son adversaire vous demandera une perception davantage portée sur les qualités kinesthésiques (sens du toucher).

3 exercices pour améliorer votre sens du rythme

Le rythme est une utilisation intelligente de son énergie

Travailler sur le rythme revient à habituer son corps à produire un effort sur une base de temps régulière. Par exemple, lorsque nous faisons du saut à la corde, nous cherchons à sauter à une vitesse régulière. Pourquoi ? Parce que nous nous fatiguons moins. Vous l’avez tous déjà ressenti, si vous ne sautez pas à un rythme régulier, vous serez très vite à bout de souffle. L’habitude et la régularité permettent à notre cerveau d’utiliser un minimum de ressources, parce qu’il « sait déjà » et qu’il « anticipe ».

Briser le rythme de son adversaire, revient donc aussi à le fatiguer. Changer de rythme, encore en plus si c’est un rythme imposé par une tierce personne (entraîneur, adversaire) va vous demander plus d’énergie que continuer à la même cadence.

De la même manière qu’une voiture consomme de l’essence. Elle consomme énormément au démarrage, et peu une fois lancée. Le travail du rythme est semblable. Si vous êtes dans le rythme, c’est comme si votre voiture était lancée sur l’autoroute. Et sans rythme, c’est la circulation en centre-ville.

Le rythme est donc une utilisation intelligente de son énergie. Et pour développer son timing en combat, c’est essentiel.

1. L’échelle

L’échelle de rythme est très utilisée dans les sports de combat et les arts martiaux, parce qu’elle offre un travail remarquable pour le jeu de jambes. Le jeu de jambes est primordial en combat, car si vous ne pouvez pas vous déplacer aisément dans toutes les directions, et surtout à une certaine cadence, vous serez vite submergés.

Les cases vous permettront de varier les types de déplacements et travailler aussi votre vitesse.

C’est un outil complexe qui offre de nombreuses possibilités en terme de rythme et de vitesse. Vous pourrez aussi aisément développer la coordination des membres inférieurs.

2. Corde à sauter

Un exercice classique et basique, mais tellement bénéfique en terme de rythme. Pourquoi ? Simplement parce que si vous ne sautez pas au bon moment, vous vous ramasserez la corde sur les pieds. La corde à sauter est un excellent exercice d’échauffement, car elle pourra vous faire monter progressivement la température du corps. En terme d’endurance aussi, la corde est très bénéfique.

La corde à sauter vous fera comprendre que vous devez trouver un rythme pour vous économiser. Et c’est la même chose en combat.

La corde à sauter est très pratiquée dans les sports de boxe, justement parce qu’elle permet d’apprendre à gérer son énergie sur du travail de bonds. Et pour cela, bien gérer son rythme est primordial.

3. Drills spécifiques à votre discipline martiale

Nous entrons dans le vif du sujet. Si vous voulez être efficace dans votre pratique, faites des mouvements spécifiques à votre discipline martiale. Par exemple, répétez des mouvements qui ne demandent pas plus de 2-3 secondes d’exécution. Et faites-le à un certain rythme. Habituez donc votre corps à ne pas fonctionner de manière statique, mais toujours être en mouvement.

Le but est de pouvoir répéter le mouvement 10, 20, 30 fois, et rapidement. Si vous pouvez exécuter cela, vous pouvez par conséquent travailler votre rythme. Une fois que le rythme de base est maîtrisé, vous pouvez vous amuser à varier les vitesses. C’est-à-dire que vous allez par exemple exécuter deux mouvements à cadence lente, les deux suivants à cadence moyenne, et les deux derniers à cadence rapide. Vous faites le nombre de tours que vous souhaitez.

Vous pouvez aussi combiner plusieurs techniques différentes. En travaillant 2x technique 1, 2x technique 2, 2x technique 3. De cette manière, vous pouvez travailler votre rythme pour passer d’une technique à une autre. Vous améliorerez ainsi votre capacité d’adaptation.

Vous l’avez compris, les variantes et les possibilités sont grandes, à vous d’être méthodique et créatif.

5 concepts pour améliorer votre timing dans votre discipline martiale

Pour améliorer son timing en combat, il faut, à mon avis, ne pas se concentrer sur certaines techniques, mais plutôt sur des concepts de travail. En voici 5 importants.

1. Concentrez-vous sur le timing en sparring, et non lors du travail technique

Vous l’avez compris, le timing n’est pas une technique que l’on apprend de A à Z. Ce n’est pas quelque chose que votre professeur vous démontrera. Avant tout, le timing se ressent.

Je pense que pour développer son sens du timing, vous devez être dans un schéma de jeu, d’affrontement, par conséquent de sparring. Si vous êtes dans un schéma de défense, ou de travail technique, c’est de la répétition, de la chorégraphie. À l’inverse, en randori et en sparring, vous ne répétez plus un mouvement prédéfini, mais vous combattez par instinct, par perception. Vous avez donc besoin de votre sens du timing. Simplement parce que vous ne savez pas ce que fera votre adversaire. Lisez mon article sur l’apprentissage d’une technique qui traite aussi de ce sujet.

2. Sparring sans vitesse ni force

Pour améliorer le timing en combat, pas besoin d’être en train de combattre pour sa vie. Au contraire, je m’explique.

Dans un combat avec implication à 100% de deux opposants, vous miserez beaucoup sur vos capacités athlétiques, comme la force, la vitesse, et la puissance ! C’est souvent le problème des débutants qui combattent en se basant uniquement sur ces critères-là. Cela permet certes de remporter certaines victoires, mais sur le long terme, ce n’est pas optimal. Parce que les blessures viendront vite, et le manque de progrès aussi.

En sparring, profitez d’essayer de nouvelles techniques, de varier les rythmes, la fréquence de frappe, les techniques d’amenées au sol ou de soumissions. Combattre sans force ni vitesse, vous permet de combattre sans vous baser sur votre condition physique ! Vous vous concentrez uniquement sur la technique et bien sûr le timing !

Pour toucher son adversaire sans vitesse, il faut frapper au bon moment. Si vous voulez réussir un balayage, il faut faucher au bon moment. La citation de McGregor est d’ailleurs devenue célèbre après son KO face à Jose Aldo. « Le timing bat la vitesse ». Aldo était était donné largement plus rapide et explosif que McGregor, pourtant, ce dernier a su glisser un contre entre deux coups portés à pleine vitesse.

Si vous basez vos sparring sur votre vitesse d’exécution, vous développerez difficilement votre sens du timing ! C’est la même chose pour les sports de préhension comme le judo ou le jiu-jitsu, si votre adversaire combat avec 100% de sa force, vous serez obligés de répondre avec de la force et vous ne pourrez pas suffisamment développer votre timing en combat.

3. Toujours être en mouvement

Le timing est lié au rythme, et le rythme est lié au mouvement. Si vous voulez être dans le bon temps, concentrez-vous dans vos sessions de sparring, à être toujours en mouvement. Le dynamisme sera votre allié, à condition de ne pas perdre son souffle !

Bien souvent, en combat, nous baissons le rythme, nous ralentissons, ou simplement nous sommes trop statiques. Pourquoi ? Parce que nous n’y pensons pas ou plus. Faites attention aussi à ne pas griller toutes vos cartouches dans des mouvements superflus.

Il est donc important de toujours garder à l’esprit que le mouvement va vous aider à construire vos initiatives. Une voiture qui démarre brûle plus d’essence que lorsqu’elle est en route. C’est la même chose pour nous, gardez cela à l’esprit.

Oui c’est vieux et c’est old school ! Mais je n’ai pas trouvé une vidéo qui démontre aussi bien l’importance du jeu de jambes et du mouvement que Bruce Lee l’avait fait il y a bientôt 50 ans. Oui c’est du cinéma et c’est chorégraphié, mais le message est bel et bien là ! Le génie de Lee traverse encore une fois les années. À travers le vieillot de la scène et les wataaa, on comprend très bien le message que fait passer le petit dragon. Lee est largement dominé par Chuck Norris en début de combat, car il reste très statique. Dès le moment où Bruce commence à sautiller, l’affrontement tourne en sa faveur

4. Sentir le rythme de son adversaire

Pour améliorer son timing en combat, vous devez, consciemment ou inconsciemment réussir à faire quelque chose de primordial : sentir le rythme de son adversaire.

C’est une question de feeling et nous n’aurons pas tous la même facilité pour y arriver. Une personne de 90 kg n’aura pas la même vitesse, force et fréquence de mouvement qu’une personne de 60 kg.

Essayez de percevoir un maximum sa vitesse d’exécution, sa fréquence de mouvement. Vous devez ressentir, vous mettre à la place de votre adversaire afin de comprendre son rythme et sa fréquence de mouvement. Je sais, c’est beaucoup de la théorie, mais pensez-y une fois que vous êtes en sparring. Essayer de vous concentrer là-dessus.

Une fois que vous l’avez ressenti, imposer le vôtre ou cherchez plutôt à vous fondre sur le sien pour le surprendre. À vous d’opter pour la stratégie qui convient.

5. La contre-attaque !

Réussir à attraper son adversaire sur un « contre » est l’application parfaite du sens du timing. Et que ce soit dans n’importe quel sport de combat ou art martial, la contre-attaque est peut-être l’arme la plus dangereuse.

Si vous souhaitez améliorer votre sens du timing, profitez des sessions de sparring pour chercher à contrer son adversaire le plus souvent possible.

Cherchez à ressentir quand il va frapper et à l’attraper à ce moment précis. À ne pas confondre avec de l’anticipation, réussir à contre-attaquer est la démonstration par excellence que nous nous sommes calqués sur le rythme de notre adversaire.

https://www.youtube.com/watch?v=vRYrL1dp3LU

Conclusion

Afin de terminer cette large parenthèse sur le timing en combat, je rappellerai que cet article traite de concepts et non de techniques définies.

Afin de pouvoir jouer aisément dans le jeu de la surprise et du timing, vous devez maîtriser les bases, c’est-à-dire le rythme. Il y cette fois de nombreux exercices qui permettent de développer votre sens du rythme. Entraînez le rythme et vous pourrez vous amuser à le changer à votre guise en combat.

Gardez à l’esprit lors de vos sessions de sparring, que vous devez privilégier le sens du timing au détriment de la vitesse et de la force. Que rester en mouvement vous aidera à conserver votre rythme, et surtout, cherchez à ressentir le rythme de votre adversaire. L’un des meilleurs moyens pour mettre son sens du timing en application est de jouer au jeu de la contre-attaque.

J’espère que cet article vous a plu et vous a fait découvrir de nouvelles facettes sur l’approche du timing en combat.

Bon entraînement !

5 commentaires

  1. Super article !
    La corde à sauter me procure plus de lucidité et d’ouverture d’esprit pendant les sparrings (jiutjitsu), et en boxe il m’arrive de voir les mêmes ouvertures lorsque l’adversaire réccuppère son souffle, alors que je suis sur le même rythme (de croisière presque=). Débutant en boxe, je souhaite principalement développer mon timing en appâtant l’adversaire et esquivant les coups.
    Je mise tout sur mon cardio, principalement la corde que beaucoup négligent.

    Merci pour l’article
    Bruno-Tahiti

    • Merci beaucoup pour le commentaire et pour partager votre ressenti !
      Bonne continuation et bon entraînement !

  2. très bon article ! la lecture du jeu de l’adversaire , une des choses les plus difficile à réaliser , seul l’expérience peut rendre la tache plus aisée . Je pense que c’est l’étape la plus importante à assimiler une fois que l’étape de la confiance en soi est validée . Merci pour cet article ! (j’ai bien failli passer à coté )

    • Merci ! Exactement, lecture du jeu de l’adversaire, confiance et expérience sont aussi des aspects qui contribuent au développement du timing.

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