[2]<\/a>, lui r\u00e9torqua Estevo qui venait de poser sa lance contre le mur.<\/p>\n\n\n\n\u2014 Tu parles, vous \u00eatres a l\u2019abri en deuxi\u00e8me ligne pendant qu\u2019on vous prot\u00e8ge !<\/p>\n\n\n\n
\u2014 \u00c7a suffit ! R\u00e9pliqua Lycus qui sentait venir la dispute apr\u00e8s la fatigue du voyage, d\u00e9p\u00eachez-vous de ranger vos affaires on doit encore nettoyer les baraquements avant le repas.<\/p>\n\n\n\n
S\u2019il pouvait se montrer sympathique, le jeune homme r\u00e9cemment promu dizenier mettait un point d\u2019honneur \u00e0 ce que ses hommes soient exemplaires. Et personne n\u2019aurait os\u00e9 contredire ce colosse d\u00e9passant presque tout le monde d\u2019une t\u00eate et r\u00e9put\u00e9 imbattable \u00e0 l\u2019\u00e9p\u00e9e. R\u00e9sign\u00e9, Eswald termina de retirer ses protections des bras et des jambes ainsi que son gambison avant de ranger ses biens personnels dans son coffre. Apr\u00e8s avoir nettoy\u00e9 le b\u00e2timent de fond en comble, les soldats de neuvi\u00e8me compagnie purent enfin rejoindre le r\u00e9fectoire alors que la soir\u00e9e \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 avanc\u00e9e. Il y avait cinq b\u00e2timents destin\u00e9s \u00e0 abriter chacun deux compagnies et comprenant un r\u00e9fectoire, ce dernier \u00e9tait donc \u00e0 moiti\u00e9 vide lorsque la dizaine de Lycus s\u2019installa \u00e0 une table. Deux commis leur apport\u00e8rent bient\u00f4t un chaudron fumant qu\u2019ils pos\u00e8rent au milieu de la table et les soldats se servirent avec leurs propres couverts au milieu du brouhaha des autres tables. Le brouet \u00e9tait compos\u00e9 de porc sal\u00e9 et de divers l\u00e9gumes, il leur fut \u00e9galement servi les restes de pains de voyage. Affam\u00e9s par la journ\u00e9e de marche, les l\u00e9gionnaires mang\u00e8rent en silence. Ce n\u2019est qu\u2019une fois son \u00e9cuelle engloutie que V\u00edtor prit la parole :<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Et ben je ne suis pas f\u00e2ch\u00e9 d\u2019\u00eatre enfin arriv\u00e9, dit-il en se resservant une louche de pot\u00e9e dans laquelle il fit tremper des morceaux de pain. Apr\u00e8s une semaine de marche forc\u00e9e, je pense qu\u2019on a bien m\u00e9rit\u00e9 un peu de r\u00e9pit.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Je ne compterais pas trop l\u00e0-dessus si j\u2019\u00e9tais toi, r\u00e9pondis Lycus avec un sourire narquois. J\u2019ai parl\u00e9 \u00e0 des gars de la garnison, ils m\u2019ont dit que l\u2019arm\u00e9e ennemie avait \u00e9t\u00e9 rep\u00e9r\u00e9e \u00e0 quelques jours de marche. \u00c7a veut dire que l\u2019entra\u00eenement de demain sera peut-\u00eatre le dernier avant la bataille, alors je doute fort qu\u2019il soit reposant.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Et merde ! Si on doit se battre \u00e9puis\u00e9 maintenant !<\/p>\n\n\n\n
\u2014 C\u2019est bien pour \u00e7a qu\u2019ils veulent garder un ou deux jours de r\u00e9pit avant la bataille, alors si vous voulez un bon conseil, reposez-vous, parce que le r\u00e9veil sera rude demain !<\/p>\n\n\n\n
Effectivement la troupe fut r\u00e9veill\u00e9e \u00e0 l\u2019aube le lendemain. Apr\u00e8s la toilette matinale et une rapide collation, le capitaine fit sortir la troupe \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur de la forteresse pour l\u2019entra\u00eenement. Toute la matin\u00e9e fut occup\u00e9e \u00e0 des exercices de d\u00e9placement en groupe, d\u2019abord pour toute la compagnie puis en fonction des sp\u00e9cialit\u00e9s de chaque section. Les Forces du Loup dont faisaient partie Eswald et ses camarades avait la particularit\u00e9 d\u2019\u00eatre compos\u00e9e de lanciers et d\u2019\u00e9p\u00e9istes l\u00e9gers r\u00e9partis en bin\u00f4mes. Les \u00e9p\u00e9istes devaient former un mur de bouclier pour prot\u00e9ger les lanciers en deuxi\u00e8me ligne pendant que ces derniers les couvraient. Cette formation permettait une grande polyvalence tout en n\u00e9cessitant peu de mat\u00e9riel, ce qui expliquait sans doute que les Forces du Loup soit les plus r\u00e9pandues parmi l\u2019Empire. Pendant plusieurs heures la section d\u2019Eswald, suivant les ordres de son centenier, ex\u00e9cuta de nombreuses man\u0153uvres de d\u00e9placement en formation et de relais entre les bin\u00f4mes du premier du deuxi\u00e8me et du troisi\u00e8me rang. Finalement la matin\u00e9e se termina par des exercices de pr\u00e9paration physique en armure qui achev\u00e8rent de les \u00e9puiser.<\/p>\n\n\n\n
Apr\u00e8s la courte pause du repas, l\u2019entra\u00eenement reprit cette fois pour travailler le combat. Les centeniers respectifs leur firent travailler les postures et les encha\u00eenements de base puis pendant une bonne partie de l\u2019apr\u00e8s-midi, ils durent pratiquer de nombreux combats d\u2019entra\u00eenement, en duel, par bin\u00f4mes et m\u00eame \u00e0 deux contre un. L\u2019approche de la bataille donnait une allure plus tangible \u00e0 l\u2019entra\u00eenement. Chacun se rendait bien compte que chaque touche subie aurait pu lui co\u00fbter la vie lors d\u2019un v\u00e9ritable affrontement et m\u00eame les plus suffisants commen\u00e7aient \u00e0 reconsid\u00e9rer s\u00e9rieusement leurs chances de survie. Malgr\u00e9 la fatigue Eswald commen\u00e7ait \u00e0 voir les fruits de son entra\u00eenement, il n\u2019avait plus de probl\u00e8mes pour coordonner son \u00e9p\u00e9e et son bouclier et il \u00e9tait devenu presque intouchable, sauf contre Lycus contre qui il dut conc\u00e9der une nouvelle d\u00e9faite. Pour finir, les soldats durent encore faire plusieurs tours de la forteresse en courant avant de pouvoir regagner le r\u00e9fectoire ext\u00e9nu\u00e9 et regrettant les journ\u00e9es de marches.<\/p>\n\n\n\n
Les deux jours suivants furent plus monotones et \u00e0 part un entra\u00eenement sommaire et l\u2019entretien des armes et armures, les soldats de la neuvi\u00e8me compagnie eurent tout loisir de r\u00e9cup\u00e9rer. M\u00eame Eswald all\u00e9gea ses entra\u00eenements en solitaire pour pr\u00e9server ses forces. Toutefois les incessantes r\u00e9unions des officiers et les allers-retours des \u00e9claireurs rendaient l\u2019atmosph\u00e8re pesante et peu songeaient \u00e0 se divertir.<\/p>\n\n\n\n
Finalement, le soir du troisi\u00e8me jour le capitaine Othmar parla aux hommes. L\u2019arm\u00e9e ennemie \u00e9tait proche et la compagnie devrait se porter \u00e0 sa rencontre le lendemain. La nouvelle assombrit encore l\u2019ambiance dans la forteresse, les rumeurs aliment\u00e9es par des fuites des \u00e9claireurs dessinaient d\u00e9j\u00e0 une arm\u00e9e d\u2019un millier de fantassins et de cavaliers et l\u2019issue du combat semblait bien incertaine. Si certains s\u2019\u00e9taient pris \u00e0 imaginer un si\u00e8ge confortable derri\u00e8re les murs de la forteresse, la bataille rang\u00e9e semblait d\u00e9sormais in\u00e9vitable.<\/p>\n\n\n\n
L\u2019incompr\u00e9hension r\u00e9gnait parmi les soldats, beaucoup ne comprenaient pas une telle d\u00e9cision.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 C\u2019est pourtant insens\u00e9 ! s\u2019exclama Elmo alors que la dizaine parcourait les couloirs pour rejoindre leur chambre. Pourquoi prendre le risque d\u2019affronter une arm\u00e9e plus nombreuse alors qu\u2019on pourrait facilement d\u00e9fendre la forteresse !<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Les nomades savent tr\u00e8s bien qu\u2019ils ont peu de chance de prendre la forteresse, r\u00e9pondit Estevo. M\u00eame s\u2019ils se risquent \u00e0 commencer un si\u00e8ge ils se lasseront vite et risqueraient de partir attaquer les villages \u00e0 l\u2019ouest. La seule chance certaine de les intercepter est d\u2019aller \u00e0 leur rencontre maintenant.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Et c\u2019est pour quelques b\u00fbcherons qu\u2019on doit aller se faire tuer ?<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Aurais-tu peur de faire ton devoir, soldat ? l\u2019interrompis Lycus en le toisant de son regard s\u00e9v\u00e8re. Ce ton ne laissait place \u00e0 aucun doute, \u00e0 la veille de la bataille, il devait \u00eatre s\u00fbr de la loyaut\u00e9 de ses soldats.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Nous sommes des soldats de l\u2019Empire, nous ne sommes pas l\u00e0 pour nous cacher derri\u00e8re des murs, poursuivit-il en \u00e9valuant chacun de ses hommes. On a re\u00e7u l\u2019ordre de prot\u00e9ger ces populations et c\u2019est ce que nous allons faire, fut-ce au p\u00e9ril de nos vies.<\/p>\n\n\n\n
Elmo se tut imm\u00e9diatement et t\u00e2cha de se ressaisir. D\u00e8s l\u2019instant o\u00f9 il s\u2019\u00e9tait engag\u00e9 dans l\u2019arm\u00e9e, il savait que ce jour viendrait, il n\u2019\u00e9tait plus question de faire demi-tour.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Oui chef ! Dit-il fermement en tentant de masquer son appr\u00e9hension autant que possible.<\/p>\n\n\n\n
Tard dans la nuit Eswald ouvrit les yeux malgr\u00e9 l\u2019obscurit\u00e9 totale de la chambre. Depuis une bonne heure, il attendait que les autres s\u2019endorment, mais peut-\u00eatre n\u2019\u00e9tait-il pas le seul \u00e0 ne pas trouver le sommeil ? Pendant de longues minutes il attendit encore, guettant le moindre son suspect, cherchant \u00e0 identifier l\u2019origine de tous les bruits de respirations de la pi\u00e8ce, \u00e9taient-ils vraiment tous endormis ? Malgr\u00e9 les risques, il s\u2019extirpa le plus lentement possible de ses draps, mesurant chaque mouvement pour faire le moins de bruit possible. Il mit finalement un pied nu sur le sol froid, suivi du deuxi\u00e8me et entreprit de se glisser silencieusement vers son coffre dont il entrouvrit d\u00e9licatement le couvercle \u00e0 la recherche de son sac. Ayant reconnu la sangle famili\u00e8re au toucher, il glissa sa main sous le rabat et chercha des doigts la poche secr\u00e8te cach\u00e9e derri\u00e8re la couture interne. Son c\u0153ur bondit quand il effleura enfin le petit pendentif en argent, il le sortit discr\u00e8tement du sac et s\u2019appr\u00eat\u00e2t \u00e0 l\u2019enfiler avant de se raviser. Les risques \u00e9taient tout de m\u00eame grands. Dans la chambr\u00e9e, seules les respirations r\u00e9guli\u00e8res venaient troubler le silence. Eswald sentit sous ses doigts les lettres grav\u00e9es sur les bords du m\u00e9daillon, il n\u2019eut pas besoin de les voir pour se rappeler leurs sens et, l\u2019espace d\u2019un instant il cru sentir le parfum sal\u00e9 des embruns, parsem\u00e9s des effluves de thym, de laurier et d\u2019olivier. Non, s\u2019il devait mourir demain il n\u2019\u00e9tait pas question que ce soit sans ce m\u00e9daillon ! Il l\u2019enfila rapidement et le cacha sous sa tunique avant de revenir discr\u00e8tement dans son lit et de s\u2019endormir, la main pos\u00e9e sur le pendentif d\u2019argent.<\/p>\n\n\n\n
Description des Forces imp\u00e9riales<\/button><\/center>\n\n\n\n \n\n\n\n