[1]<\/a>.<\/p>\n\n\n\nL\u2019arm\u00e9e nomade avan\u00e7ait en bloc compact. Plus elle se rapprochait, plus son apparence semblait effrayante. Les soldats en premi\u00e8re ligne \u00e9taient lourdement \u00e9quip\u00e9s de haubert de maille et de casques en acier, mais ceux en arri\u00e8re portaient des armures plus rudimentaires. Avan\u00e7ant d\u2019un pas d\u00e9cid\u00e9, ils formaient un mur de bouclier qui serait difficile \u00e0 briser. Les cavaliers attendaient toujours \u00e0 la lisi\u00e8re de la for\u00eat : Eswald commen\u00e7a \u00e0 comprendre la strat\u00e9gie du capitaine. En effet, l\u2019arm\u00e9e imp\u00e9riale \u00e9tait vuln\u00e9rable \u00e0 cause de l\u2019absence de cavalerie, s\u2019ils avaient positionn\u00e9 les lanciers en premi\u00e8re ligne, les cavaliers adverses auraient facilement pu les contourner pour attaquer les flans ou l\u2019arri\u00e8re. En positionnant les Forces du Cerf sur les flancs, le capitaine s\u2019\u00e9tait donc assur\u00e9 de couvrir les zones les plus vuln\u00e9rables tout en gardant la possibilit\u00e9 de les red\u00e9ployer \u00e0 l\u2019arri\u00e8re en cas d\u2019attaque. Les cavaliers nomades ne pouvaient donc pas prendre le risque de charger avant que l\u2019infanterie n\u2019ait cr\u00e9\u00e9 une ouverture. L\u2019inconv\u00e9nient de cette strat\u00e9gie \u00e9tait de se priver de soldats aguerris au c\u0153ur de l\u2019affrontement qui ne reposait plus que sur les Forces du Loup et de l\u2019Ours en sous-nombre.<\/p>\n\n\n\n
Les fantassins ennemis n\u2019\u00e9taient plus qu\u2019\u00e0 une dizaine de toises, on pouvait d\u00e9sormais apercevoir leurs visages terrifiants orn\u00e9s de tresses barbares et de peintures de guerre, brandissant \u00e9p\u00e9es, haches et lances effil\u00e9es toujours prot\u00e9g\u00e9es par l\u2019imp\u00e9n\u00e9trable mur de bouclier. Lorsqu\u2019ils s\u2019arr\u00eat\u00e8rent soudain pour \u00e9tendre leur bras arm\u00e9 vers l\u2019arri\u00e8re, Lycus hurla soudain \u00ab Bouclier ! \u00bb. \u00c0 peine s\u2019\u00e9tait-il blotti derri\u00e8re son bouclier qu\u2019Eswald entendit le fracas des haches et des javelots martelant les protections de bois, couvrant jusqu\u2019aux cris des soldats bless\u00e9s. Quand le d\u00e9luge s\u2019arr\u00eata, Estevo lui donna une tape sur l\u2019\u00e9paule pour lui signifier qu\u2019il n\u2019avait rien. Les deux arm\u00e9es n\u2019\u00e9taient plus qu\u2019\u00e0 quelques pas.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Seizi\u00e8me l\u00e9gion ! hurla le H\u00e9rault<\/p>\n\n\n\n
\u2014 SEIZI\u00c8ME L\u00c9GION !!! cri\u00e8rent les soldats et se remettant de garde, les \u00e9p\u00e9istes prot\u00e9g\u00e9s derri\u00e8re leurs boucliers, les lanciers brandissant leurs hasts au-dessus de leur bin\u00f4me.<\/p>\n\n\n\n
Les nomades cri\u00e8rent \u00e9galement dans une langue inconnue en d\u00e9gainant les armes \u00e0 leurs ceintures. \u00c0 quelques pieds de l\u2019affrontement, il se fit soudain un silence presque absolu, seulement transgress\u00e9 par les pas r\u00e9guliers des nomades qui avan\u00e7aient inexorablement vers l\u2019affrontement. Alors que les pointes de lances des deux camps arrivaient au m\u00eame niveau, ces derniers franchirent rapidement le dernier pas les s\u00e9parant de leurs adversaires, noyant la plaine dans le vacarme assourdissant de la bataille.<\/p>\n\n\n\n
Un solide guerrier en armure de maille se rua sur Eswald qui d\u00e9via le coup de hache de son bouclier et profita de l\u2019ouverture pour frapper de toutes ses Forces avec la pointe de son \u00e9p\u00e9e, laquelle brisa les anneaux de maille et alla se planter dans la gorge de son adversaire. \u00c0 peine s\u2019\u00e9tait-il effondr\u00e9 qu\u2019un autre guerrier, enhardi par la mort de son camarade bondit sur lui et manqua de peu de lui couper le bras. Face \u00e0 une pluie de coups, Eswald tenta tant bien que mal de se d\u00e9fendre avant qu\u2019Estevo n\u2019empale son adversaire d\u2019un coup de lance. Partout la bataille faisait rage, on n\u2019entendait plus que le fracas des armes sur les boucliers, noy\u00e9 parmi les cris de rage et les r\u00e2les d\u2019agonie. Les adversaires se succ\u00e9daient, certains chargeant brutalement d\u2019autres avan\u00e7ant prudemment derri\u00e8re leurs boucliers. Eswald comprit rapidement qu\u2019il avait tout int\u00e9r\u00eat \u00e0 frapper aux jambes d\u00e8s que possible, l\u00e0 ou le haubert de maille ne prot\u00e9geait plus la cuisse, d\u2019autant qu\u2019un adversaire bless\u00e9 lui permettait de prendre quelques instants de r\u00e9pit. Pris dans le rythme de la bataille, il commen\u00e7ait \u00e0 se battre m\u00e9caniquement, frappant et bloquant par r\u00e9flexe, cherchant la faille chez l\u2019adversaire. \u00c0 c\u00f4t\u00e9, les soldats tomb\u00e9s \u00e9taient aussit\u00f4t remplac\u00e9s. Les cadavres commen\u00e7aient \u00e0 s\u2019accumuler sur la ligne de front, mais l\u2019arm\u00e9e imp\u00e9riale semblait reculer inexorablement sous la pression ennemie sans que ces derniers ne semblent faiblir. Encadr\u00e9 de soldats alli\u00e9s, encercl\u00e9 de soldats ennemis, Eswald ne pouvait rien voir d\u2019autre que l\u2019afflux inexorable de barbares que rien ne semblait pouvoir arr\u00eater.<\/p>\n\n\n\n
Une tape sur l\u2019\u00e9paule tira soudain Eswald de sa concentration, pris dans le feu de l\u2019action il n\u2019avait pas entendu le premier coup de sifflet annon\u00e7ant la rotation. Anxo vint se coller \u00e0 lui pr\u00eat \u00e0 prendre le relais, Eswald se d\u00e9p\u00each\u00e2t de bloquer l\u2019\u00e9p\u00e9e de son opposant pour lui donner un coup de pied sur la hanche et le faire reculer. Au deuxi\u00e8me coup de sifflet, les deux \u00e9p\u00e9istes \u00e9chang\u00e8rent leurs places alors que le barbare revenait \u00e0 la charge. Comme \u00e0 l\u2019entra\u00eenement, Eswald et Estevo \u00e9chang\u00e8rent ensuite de place avec le bin\u00f4me derri\u00e8re eux pour se retrouver \u00e0 l\u2019arri\u00e8re de la formation.<\/p>\n\n\n\n
Pendant d\u2019interminables minutes, ils patient\u00e8rent dans la clameur de la bataille, \u00e0 quelques pas seulement de la ligne de front o\u00f9 leurs amis se battaient pour leurs vies. Eswald tremblait encore sous l’effet de l\u2019adr\u00e9naline. Il dut faire un effort pour regarder ses blessures avant de constater avec soulagement qu\u2019elles se limitaient \u00e0 quelques \u00e9raflures sur les bras. Autour d\u2019eux, les bin\u00f4mes encha\u00eenaient les rotations, certaines dizaines avaient d\u00e9j\u00e0 perdu plusieurs soldats et la section semblait s\u2019amincir. Apr\u00e8s ce qui leur sembla une interminable attente, deux nouveaux coups de sifflet les firent avancer d\u2019un cran pour se retrouver en deuxi\u00e8me ligne. Juste devant eux la bataille faisait rage sans qu\u2019aucune des deux rang\u00e9es de boucliers ne semble vouloir c\u00e9der, chaque soldat tomb\u00e9 ou bless\u00e9 \u00e9tait imm\u00e9diatement remplac\u00e9 avant que l\u2019ennemi ne puisse profiter de la br\u00e8che. Le sol martel\u00e9 par les innombrables pieds commen\u00e7ait \u00e0 se changer en boue \u00e0 laquelle se m\u00ealait le sang des vaincus. Soudain un guerrier en armure de maille parvint \u00e0 faire tomber Elmo qui \u00e9tait en premi\u00e8re ligne et s\u2019appr\u00eat\u00e2t \u00e0 l\u2019achever d\u2019un coup de hache avant que son lancier ne l\u2019en emp\u00eache. Sans m\u00eame en attendre l\u2019ordre, Eswald et Estevo bondirent au secours de leurs camarades. Se voyant submerg\u00e9, le guerrier nomade rentra dans son rang et Eswald se retrouvait \u00e0 nouveau en premi\u00e8re ligne pendant qu\u2019on \u00e9vacuait Elmo bless\u00e9 \u00e0 la jambe.<\/p>\n\n\n\n
Le combat demeurait ind\u00e9cis, l\u2019horizon \u00e9tait bouch\u00e9 de toute part et il \u00e9tait impossible de dire si les rangs des nomades diminuaient. Le son d\u2019un cor imp\u00e9rial fendit soudain l\u2019air, couvrant les rugissements de la bataille, c\u2019\u00e9tait le signal de la retraite ! En quelques instants l\u2019arm\u00e9e imp\u00e9riale se retrouva plong\u00e9e dans l\u2019incompr\u00e9hension, pourquoi abandonner alors que la ligne tenait toujours, et surtout o\u00f9 se replier puisqu\u2019ils \u00e9taient bien trop loin du fort ? La panique commen\u00e7ait \u00e0 se rependre parmi les soldats, mais encourag\u00e9 par les centeniers et dizeniers, ils continu\u00e8rent de maintenir la ligne qui \u00e9tait leur seule d\u00e9fense contre la horde barbare. Les soldats reculaient rapidement en pas march\u00e9, s\u2019effor\u00e7ant de maintenir un semblant de ligne tout en \u00e9vitant de reculer moins vite que le voisin. Un \u00e9cart se creusa rapidement avec les troupes nomades qui n\u2019osaient pas charger pour rattraper la distance. Alors du sommet de la colline le son gla\u00e7ant d\u2019un cor barbare r\u00e9sonna tandis que la cavalerie ennemie se mettait en mouvement. Sous le regard terrifi\u00e9 d\u2019Eswald, les cavaliers, pour la plupart lourdement arm\u00e9s, s\u2019\u00e9lan\u00e7aient de toute part des bois pour converger en deux groupes qui contournaient l\u2019infanterie nomade de chaque c\u00f4t\u00e9.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Halte !<\/p>\n\n\n\n
L\u2019ordre \u00e9tait opportun, mais tardif, dans quelques instants le torrent de chair et d\u2019acier d\u00e9ferlerait sur la troupe. Le souffle court, Eswald se r\u00e9signa \u00e0 affronter la mort en face, les pieds fermement ancr\u00e9s dans le sol quant le sifflement d\u2019une vol\u00e9e de fl\u00e8ches passa au-dessus de sa t\u00eate pour venir s\u2019abattre sur les premi\u00e8res lignes ennemies avec un sifflement strident. En quelques instants le champ de bataille se retrouv\u00e2t plong\u00e9 dans le chaos, des chevaux cribl\u00e9s de fl\u00e8ches s\u2019effondraient, projetant leurs cavaliers \u00e0 terre. D\u2019autres tr\u00e9buchaient sur les premiers et s\u2019\u00e9croulaient ou \u00e9taient pi\u00e9tin\u00e9s par les suivants. La charge arr\u00eata nette les cavaliers qui durent se frayer un chemin \u00e0 travers un champ de bataille jonch\u00e9 de cadavres de chevaux, d\u2019hommes et d\u2019armes ; certains essayant de se relever, \u00e9cras\u00e9 par leurs monture ou bless\u00e9 alors qu\u2019un d\u00e9luge de fl\u00e8ches continuait de s\u2019abattre sur eux. Mais d\u00e9j\u00e0 les quelques cavaliers qui avaient \u00e9chapp\u00e9 au bourbier s\u2019\u00e9lan\u00e7aient vers la ligne de front. En quelques instants, un cavalier en armure lourde atteignit Eswald qui \u00e9vita de justesse la lance meurtri\u00e8re avant d\u2019\u00eatre violemment projet\u00e9 en arri\u00e8re par le choc du destrier.<\/p>\n\n\n\n
En se relevant, Eswald sentit un liquide chaud couler le long de son visage, le sang ruisselait d\u2019une blessure \u00e0 la t\u00eate. Autour de lui la bataille avait redoubl\u00e9 d\u2019ardeur, partout des soldats accouraient pour d\u00e9fendre la ligne alors que les cavaliers qui avait r\u00e9ussi \u00e0 passer, cherchaient en vain \u00e0 s\u2019extraire de cette mar\u00e9e d\u2019\u00e9p\u00e9e et de piques \u00e0 grand coup de moulinets. L\u2019infanterie nomade avait atteint la ligne de front et se m\u00ealait p\u00eale-m\u00eale aux cavaliers encore en selle pour faire pression sur la ligne. Parmi tous les cris, Eswald reconnut ceux d\u2019Estevo qui l\u2019aidait \u00e0 se relever. Le voyant debout Lycus d\u00e9laissa un instant ses hommes, examina rapidement son \u00e9tat et lui posa une main sur l\u2019\u00e9paule.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Tu peux te battre ?<\/p>\n\n\n\n
Eswald acquies\u00e7a d\u2019un signe de t\u00eate.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Il faut absolument qu\u2019on reforme la ligne ou on est tous morts !<\/p>\n\n\n\n
Eswald se tourna vers Estevo et remarqua qu\u2019il avait lui aussi une s\u00e9rieuse blessure \u00e0 l\u2019\u00e9paule, mais il n\u2019\u00e9tait plus question de reculer. D\u2019un accord tacite, ils retourn\u00e8rent au front. En face, les nomades \u00e9taient tout aussi d\u00e9sorganis\u00e9s, pris en tenaille par les Forces du Cerf, les formations d\u2019infanterie et de cavaleries \u00e9taient emm\u00eal\u00e9es au milieu du champ de bataille et devait se frayer un chemin parmi les chevaux morts ou paniqu\u00e9s. Pass\u00e9 l\u2019impact de la charge, les imp\u00e9riaux commen\u00e7aient \u00e0 se r\u00e9organiser. Fort de leurs heures d\u2019entra\u00eenement en formation, les soldats se regroupaient par dizaine et des bin\u00f4mes de fortunes se reformait pour d\u00e9fendre la ligne de front. Le combat reprit, plus ardent que jamais. Pris au pi\u00e8ge les nomades se battaient avec une fureur nouvelle, se ruant sur la rang\u00e9e de boucliers avec la rage du d\u00e9sespoir. Mais les imp\u00e9riaux tenaient bon, vagues apr\u00e8s vagues, les barbares \u00e9taient repouss\u00e9s par ce mur de bouclier qui semblait indestructible. Apr\u00e8s d\u2019interminables minutes le d\u00e9ferlement d\u2019ennemis sembla diminuer, et tout en continuant \u00e0 combattre, la formation put faire un pas en avant, puis un autre et un autre.<\/p>\n\n\n\n
Pour la premi\u00e8re fois depuis le d\u00e9but de la bataille la compagnie gagnait du terrain, elle avan\u00e7ait, imperturbable face aux assauts. Chacun frappant son bouclier au rythme des pas. Les nomades commen\u00e7aient \u00e0 h\u00e9siter avant de se ruer sur cet ennemi in\u00e9branlable, certains cherchaient \u00e0 reculer pour retarder la confrontation fatale avant de se heurter \u00e0 leurs camarades en arri\u00e8re. La peur se r\u00e9pandit sur l\u2019arm\u00e9e ennemie, tout espoir de victoire semblait s\u2019\u00eatre envol\u00e9. Tenaill\u00e9 sur les flancs par les lanciers, accul\u00e9s en face par l\u2019infanterie, seule la fuite offrait une faible perspective de survie. Certains essayaient de se retirer dans les rangs, d\u2019autres s\u2019effor\u00e7aient d\u2019attendre l\u2019ennemi, tremblant, \u00e9changeant des regards inquiets. Bient\u00f4t certains l\u00e2ch\u00e8rent leurs armes pour s\u2019enfuir en courant, suivi par d\u2019autres. En quelques instants toute l\u2019arm\u00e9e se dispersa en d\u00e9bandade, chacun abandonnant tout espoir de survie collective pour assurer sa propre survie.<\/p>\n\n\n\n
Aussit\u00f4t les cors annon\u00e7ant la charge r\u00e9sonn\u00e8rent parmi les soldats imp\u00e9riaux. Lib\u00e9r\u00e9 du stress de la bataille, enhardi par l\u2019assurance de la victoire les soldats se lanc\u00e8rent \u00e0 la poursuite des fuyards. Emport\u00e9e par la fureur collective, enrag\u00e9e par la mort de leurs camarades, la mar\u00e9e imp\u00e9riale se d\u00e9versa sur la plaine en qu\u00eate de vengeance. Partout on tuait vite et bien, frappant les retardataires, poignardant les bless\u00e9s, achevant les estropi\u00e9s, comme si toute la col\u00e8re retenue pendant la bataille devait \u00eatre purg\u00e9e dans le sang. Et au sommet de la vo\u00fbte c\u00e9leste, le soleil \u00e0 son z\u00e9nith brillait de tout feu, baignant la plaine de ses rayons comme pour pr\u00e9sider le massacre. Eswald et les survivants de la dizaine s\u2019arr\u00eat\u00e8rent \u00e0 la lisi\u00e8re de la for\u00eat, plus loin les derniers fuyards disparaissaient dans la noirceur du bois, mais il n\u2019\u00e9tait plus question de les rattraper. Dans la plaine, le bain de sang touchait \u00e0 sa fin, des soldats s\u2019attroupaient autour des derniers bless\u00e9s et bient\u00f4t il n\u2019y eut d\u2019autres vivants que ceux portant les couleurs imp\u00e9riales jaune et rouge qui se m\u00ealaient \u00e0 la teinte \u00e9carlate qu\u2019avait prise le terrain boueux.<\/p>\n\n\n\n
Eswald s\u2019\u00e9croula, \u00e0 bout de forces, sa blessure au front s\u2019\u00e9tait rouverte et un mince filet rouge coulait par-dessus le sang s\u00e9ch\u00e9 qui lui couvrait le cot\u00e9 du visage. Ses jambes tremblaient et ses \u00e9paules le br\u00fblaient d\u2019avoir tenu son \u00e9p\u00e9e et son bouclier aussi longtemps, le calme soudain raviva la douleur de ses entailles au bras, mais il avait surv\u00e9cu ! Presque comme un affront \u00e0 l\u2019insolence de l\u2019astre qui dominait maintenant le champ de bataille, il repensa, sans oser y toucher, au pendentif d\u2019argent \u00e0 son coup et \u00e0 la promesse qu\u2019il avait faite, il ne pouvait pas mourir, il n\u2019en avait pas le droit !<\/p>\n\n\n\n
Alert\u00e9s par des \u00e9claireurs, des servants rejoignirent le champ de bataille avec des chariots, l\u2019apr\u00e8s-midi fut consacr\u00e9e \u00e0 regrouper les corps. Conform\u00e9ment au protocole les armes et armures des soldats morts furent r\u00e9cup\u00e9r\u00e9es pour \u00eatre r\u00e9par\u00e9es et r\u00e9utilis\u00e9es. Pendant que certains coupaient du bois, les autres durent transporter les corps de leurs camarades, mais apr\u00e8s l\u2019horreur de la bataille aucun ne d\u00e9faillit \u00e0 la vue de ces cadavres d\u00e9figur\u00e9s. En fin d\u2019apr\u00e8s-midi le b\u00fbcher fun\u00e9raire fut allum\u00e9 par les pr\u00eatres du culte solaire, tous regard\u00e8rent en silence les flammes d\u00e9vorer les corps de leurs camarades tomb\u00e9s au combat. 273 l\u00e9gionnaires \u00e9tait morts selon le d\u00e9compte et une bonne centaine \u00e9tait gravement bless\u00e9, quatre \u00e0 cinq cents nomades jonchaient toujours le sol de la plaine ou ils resteraient \u00e0 la merci des charognards pour avoir contest\u00e9 l\u2019ordre imp\u00e9rial. Quand le soleil passa derri\u00e8re l\u2019horizon, la compagnie lourdement endeuill\u00e9e rentra \u00e0 la forteresse, ne laissant que quelques soldats pour surveiller le brasier encore intense.<\/p>\n\n\n\n
Eswald aurait aim\u00e9 raconter qu\u2019il \u00e9tait rest\u00e9 hant\u00e9 par les visages des hommes qu\u2019il avait tu\u00e9s ce jour-l\u00e0, mais l\u2019\u00e9puisement de la bataille le plongea rapidement dans un profond sommeil qui se chargea d\u2019effacer les traits d\u00e9j\u00e0 flous de ces guerriers qui avaient pay\u00e9 si ch\u00e8rement leur soif d\u2019aventure.<\/p>\n\n\n\n
Description des Forces imp\u00e9riales<\/button><\/center>\n\n\n\n \n\n\n\n