Vincent nous partage un article sur les gladiateurs cette fois. Bonne lecture !
Spartacus », « Gladiator » et de nombreux péplums des années 1950-60 ont eu pour thème « les gladiateurs ». Du sang, des pouces en bas et des morts, voilà ce que l’on retient de ces combattants. Des gladiateurs bourrins dont le seul but est la mort de l’adversaire. Tout ceci est bien faux et fait partie d’une vieille propagande chrétienne. Je vous propose de voyager dans le temps, de découvrir l’ART de la gladiature ! Nous verrons que malgré les siècles, les hommes n’ont pas changé et que nos vies ont beaucoup en commun avec les Romains.
Contexte historique
Parler de l’Empire romain, c’est parler de Rome. D’un simple royaume en moins 700 avant JC puis devenu une république prospère. Elle se termine par l’avènement de l’Empire d’Auguste en 27 avant JC. Grande Bretagne, Espagne, Maghreb, Égypte, Turquie, les Balkans… Tous ces territoires feront partie de l’EMPIRE ROMAIN qui durera jusqu’au Vème siècle. La gladiature fera partie intégrante de cette puissance impériale.
Où est né la gladiature ?
Les historiens sont divisés sur le peuple qui en est à l’origine. Une chose est sûre, ces combats ont lieu en Italie. Au fur et à mesure que le royaume s’étend, les traditions des peuples vaincus s’ajoutent à ceux de Rome. Une tradition est la clé de voûte de la gladiature : le combat funéraire. Lorsqu’un chef meurt, pour célébrer sa mémoire, il est coutume que deux guerriers s’affrontent. La mort est nécessaire, cela représente un sacrifice. Il faut satisfaire les dieux. Rome s’accapare de cette coutume guerrière en la modifiant.
Les hommes ne vivent pas de longues années. La mort est constamment présente. Naissances avortées, maladies fréquentes, famines, attaques d’animaux et guerres. L’honneur des morts doit être respecté. Ainsi cette tradition guerrière connaît énormément de succès. Deux personnes choisissent de s’affronter et surtout choisissent leur mort, le fer. Mais comme dit le vieil adage : « À Rome fait comme les Romains ». Le centre névralgique de l’Empire change la donne, il y a toujours le combat, mais sans forcément la mort. Ainsi le combat ne sera que plus beau. Les adversaires cherchent dans l’adversaire toutes ses failles. La blessure ou simplement un gladiateur au sol est vu comme une défaite.
Le public présent lors de ces matchs est nombreux. Seules des personnes fortunées peuvent mettre en place un combat de gladiateurs lors de funérailles. Les combats sont annoncés dans la rue par des crieurs publics, les combattants défilent habillés de leurs costumes guerriers. Ainsi fut la première tradition de ces combats légendaires. Le sacré religieux. Mais comme toutes traditions, les choses changent…
L’évolution de la gladiature
La politique et les mœurs vont faire évoluer la gladiature. Les sénateurs voient dans ce rite religieux, un gain. Ils peuvent amadouer les foules. L’empereur peut divertir le peuple. Les hommes riches peuvent se montrer généreux en organisant ce spectacle. Ainsi la cause principale religieuse va s’estomper petit à petit. Les gladiateurs sontde plus en plus appelés pour des mariages, des fêtes, des soirées privées. La gladiature va se professionnaliser.
Les écoles de gladiateurs seront sur tout l’Empire. De Rome en passant par Lyon, Carthage, Pompée… Les femmes ne sont pas exclues. Des fresques, des statues montrent des gladiatrices. La gladiature va imprégner de nombreux peuples qui veulent (ou doivent) s’assimiler à l’Empire.
Qui se bat ?
Les membres de la gladiature sont de basse extraction dans l’immense majorité : esclaves, hommes libres sans moyen, enfants de hautes noblesses cherchant à se différencier… Ils veulent devenir riches, avoir à manger, se vêtir et posséder un toit. La gladiature leur permet cela. Pour intégrer ces combattants d’élite, chaque individu doit passer un contrat avec un laniste (un commercial des gladiateurs). Les règles des contrats sont strictes et bien encadrées par la législation. Il signe soit pour un nombre d’années (3 à 5 ans en moyenne) soit pour un nombre de combats (10 à 20 en moyenne). Ce contrat doit être déclaré devant un magistrat de la plèbe (le peuple) puis vient le serment du gladiateur. Il annonce qu’il décide de ne mourir que par le fer. Il reçoit une prime d’accueil et se flagelle avec un fouet, pour signifier qu’il perd sa liberté.
Un apprenti gladiateur part maintenant dans lude (l’école d’entraînement d’un laniste). Le gladiateur vit sur place dans un petit logement, sa famille peut le suivre. Il se nourrit principalement de blé et d’orge, un équilibre quasi végétarien (la viande étant extrêmement chère). Il ingurgite une boisson à base de cendre pour fortifier les muscles.
Les entraînements des gladiateurs
L’entraînement basique d’un gladiateur commence comme un légionnaire romain : répétition du glaive face à un poteau. Inlassablement pendant des heures, le jeune gladiateur apprend à frapper sur ce poteau. Le but étant qu’il s’endurcisse, que le glaive (petite épée romaine) ne fasse plus qu’un avec lui. Une fois la pratique du poteau maîtrisée, le gladiateur apprend l’esquive, la soumission et l’attaque. Chaque entraînement est très dur. Beaucoup se blesse voir exceptionnellement meurt. Le laniste tri ensuite les gladiateurs en fonction de leur physique et compétence. Ainsi chaque gladiateur rentre dans une classe bien particulière. Beaucoup de ces classes portent le nom de peuple soumis à Rome (Thrace, Samnite, Gaulois). Il existe en tout plus de 17 types de gladiateurs.
Voici les plus connus :
-Le Provocator possède un grand bouclier le scutum et une longue épée la spatha. Son but est la contre-attaque. La plupart des gladiateurs commençaient provocator.
-Le Thrace possède une dague courte la sica et un petit bouclier Parma. Ses jambes sont protégées par des jambières (ocréae) et sa tête d’un casque à rebord.
-Le Samnite/hoplomaque possède un lourd et grand bouclier, une épée courte, un casque à plume, une jambière et brassière. Il reste sur la défensive principalement jusqu’à que son adversaire s’épuise.
-Le Mirmillon/Secutor est« celui qui poursuit ». Il a un simple poignard, bouclier long, protège-tibia/jambière et casque sans rebord. Son but, poursuivre l’ennemi.
-Le Rétiaire est pour les poids légers. Il a un filet (reta), un trident (fuscina) et un poignard (pugio). Il ne possède pas de protections. Son but,fatiguer son ennemi.
Les gladiateurs prêts à combattre
Notre gladiateur est prêt, il a sa formation, il s’est entraîné avec plusieurs camarades. L’heure du grand spectacle commence. L’empereur décide d’organiser plusieurs combats de gladiateurs pour fêter une illustre victoire. Le peuple s’amasse à l’amphithéâtre de Rome, 50 000 places. Riches, pauvres, esclaves, hommes libres, tous peuvent y entrer sans se mélanger.
Les premiers noms circulent sur qui va se battre : Taurus (référence au taureau), Marsus (référence au Dieu Mars). Chaque gladiateur choisit son nom de scène. La matinée commence par des spectacles de chasse : antilopes, lions, tigre. La plèbe admire les milliers d’animaux de l’Empire. Il ne pense qu’à une chose : le combat de gladiateurs. Vers midi, le soleil tape, les gens mangent dans les gradins pour passer le temps : on exécute les ennemis de l’Empire. Décapitations, dévorer par des animaux, simulacres de combats…
Que le combat commence !
14h… Le moment tant attendu arrive ! Deux hommes entrent dans l’arène : un rétiaire face à un mirmillon. La fluidité face à l’assaut. Un arbitre entre en scène. Habillé d’une toge blanche. Son but est de répartir les combats. Aucun coup n’est interdit, mais le combat doit être honorable. L’empereur donne le signal d’un simple geste. Le combat commence.
Le rétiaire avec son filet essaie de désarmer le mirmillon. Tandis que le mirmillon cherche une feinte pour désarmer son adversaire. Un moment d’inattention et le mirmillon se fait toucher par le trident sur une épaule. Il lâche son bouclier. L’arbitre lève la main, les adversaires s’éloignent pour reprendre leur souffle. C’est reparti. Le mirmillon charge, sans son bouclier, essaie de viser les jambes du rétiaire. Il le blesse au niveau de la cuisse. L’arbitre refait une pause. Le rétiaire se redresse, toujours l’envie de se battre. Le combat reprend, mais rapidement le mirmillon se fait prendre le pied par le filet et tombe les deux épaules à terre.
Le rétiaire le menace de son trident sous la gorge. Le mirmillon dépose son glaive… Il a perdu.
Le public hurle de joie. Les deux adversaires ont tout donné. Aucun d’eux n’a eu peur. Le rétiaire attend l’avis de l’empereur, doit-il ôter la vie de son adversaire ?
Quelle sentence pour le vaincu ?
L’empereur se lève et tend un mouchoir blanc. La vie l’emporte. Un autre couple de gladiateurs se prépare…
Voilà, à quoi ressemble un combat. Beau, élégant, équitable. L’honneur de choisir sa mort. L’honneur d’être adulé. Autour de ce spectacle, une véritable symbiose de la société a lieu. Le combat ne dure que 3-4 minutes, les adversaires étant armés, les coups demandent beaucoup de puissance. Ils « s’usent » rapidement. Le combat est rythmé.
Une fois un combattant à terre, ou blessé, le public doit choisir. Donner la vie ou la mort ? Très souvent le gladiateur à terre vit. Plusieurs raisons à cela :
La première, le vaincu meurt seulement avec l’aval de l’organisateur du spectacle, le public est un avis complémentaire.
La deuxième, la côte du gladiateur. Les paris sont fréquents, il a perdu pour mieux regagner la prochaine fois ?
La troisième, le coût du gladiateur, c’est un homme expérimenté, qui se met en valeur qui se donne, pourquoi tuer un champion ?
Si la sentence est la mort, le public ne baisse pas le pouce en bas comme dans les films. Ils hurlent « jugula », égorgez-le, et baissent la main.
Après le combat
Les combattants se retirent de l’arène ensuite pour se soigner. De grands médecins s’occupent d’eux. Massages, huiles essentielles et thermes sont leurs moyens de rétablissement. Si le gladiateur meurt de ses blessures ou est tué pendant le combat, une cérémonie discrète entre gladiateurs a lieu pour lui rendre hommage. La crémation est systématique (usage de l’époque).
Pour les victorieux ou chanceux, leurs carrières peuvent continuer. La moyenne est d’une vingtaine de combats et entre 3 et 4 ans d’activités. Le métier étant risqué et fatigant. Les gladiateurs esclaves peuvent retrouver leurs libertés, les hommes libres peuvent finir riches. Une multitude de possibilités s’ouvrent pour eux, dans une époque où changer de catégorie sociale est très long.
Voilà, ce qu’est la gladiature : un sport de combat, réglementé, d’ascension sociale, d’honneur. Mais comme tout sport, l’argent, la corruption, les mœurs et la violence auront raison de lui. D’une tradition religieuse, des paris saliront cet art. La corruption augmentera les matchs truqués. Les mœurs chrétiennes ne retiendront que la mort. Les empereurs l’utiliseront à des buts de pure démagogie. Comme quoi les hommes n’ont pas changé à l’heure de l’hyper consommation, de la non violence, de la peur de la mort. Juvénal, un poète romain, l’avait bien dit « Panem et circenses »,Du pain et des jeux.
Si vous voulez voir des gladiateurs en action, n’hésitez pas à vous rendre au Puy du Fou ! Un spectacle fantastique et inoubliable entre gladiateurs est au rendez-vous !
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gladiateur#Vocabulaire_(gladiature)
https://www.lanutrition.fr/les-news/les-gladiateurs-des-vegetariens-qui-prenaient-des-complements-alimentaires
http://gigeoju.eklablog.com/gladiateurs-les-types-et-combats-p1385896?noajax&mobile=1
Bonjour, je rédige un ouvrage concernant les gladiateurs représentés sur les lampes à huile. Pour illustrer mes textes, je cherche des photos de reconstitutions de gladiateurs. Pouvez-vous m’aider, en sachant que je mentionnerai évidemment l’origine des images ? Merci d’avance. F. Coenen