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La différence entre les arts martiaux internes et externes

Introduction

Que nous soyons novices en arts martiaux, ou pratiquants expérimentés nous avons déjà tous entendu parler de deux termes bien distincts. Les arts martiaux internes et externes. Pourtant, peu de personnes connaissent vraiment la différence entre les deux concepts. Car, oui, ce sont des concepts et des manières d’appréhender une pratique martiale, plus qu’un style pur.

Les arts internes se focalisent sur la respiration, les sensations et les émotions. Tandis que les arts externes sont orientés sur la condition physique et le combat.

Bien souvent, les pratiquants d’arts martiaux externes, comme le karaté, le judo, ou un sport de combat comme la boxe ne voient que peu d’intérêt à la pratique d’arts martiaux internes. De même pour les adeptes des arts souples, la plupart ne souhaitent pas se confronter à la « brutalité » des sports de contact et de combat.

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Pourtant chaque forme de discipline possède d’excellentes vertus, et surtout permet d’apporter des compléments importants à leur forme opposée.

Que veut dire exactement arts martiaux internes ?

Nous nous concentrerons davantage sur la moins répandue de ces deux formes : les arts martiaux internes. Pourquoi ? Parce que cette manière de s’entraîner comporte une part de mysticisme qui a parfois du mal à convaincre les gens. Je suis moi-même quelqu’un de plutôt pragmatique, un cerveau gauche qui aime le raisonnement logique et scientifique. Pourtant je me suis toujours intéressé à la pratique des arts martiaux internes pour acquérir plus de profondeur dans mes entraînements.

Les arts martiaux internes regroupent donc des styles asiatiques.  Mais qu’entendons-nous par interne ? Cela signifie que nous allons nous focaliser non pas sur le combat, mais sur des aspects comme le mental, la circulation d’énergie, et la philosophie.

Les aspects importants dans les arts martiaux internes

Nous l’avons mentionné plus haut. Les trois principaux concepts qui sont traités par les arts martiaux internes peuvent aussi être mis en pratique pour les styles externes ou même les sports de combat.

Premièrement, nous avons le travail mental qui porte un rôle très important. Le contrôle et la gestion des émotions fait partie de la pratique et l’apprentissage des arts martiaux internes. À travers notre pratique, nous devons constamment rechercher le calme intérieur. C’est-à-dire l’émotion la plus neutre possible. Le travail de respiration couplé à des mouvements martiaux offrent au corps une forme de méditation qui apaise et régularise les ondes du cerveau.

Tai chi

Deuxièmement, la circulation de l’énergie dite vitale est un concept très recherché dans les arts martiaux internes. Le chi, ou qi, selon la philosophie chinoise et japonaise est un flux d’énergie parcourant le corps. On retrouve ce concept dans de nombreuses cultures et pratiques asiatiques. Ce flux énergétique serait très important pour la santé et le bien-être physique, comme mental. Une bonne circulation du chi permettrai aussi de d’améliorer sa puissance, son équilibre, et sa stabilité.

Troisièmement, la philosophie est un aspect primordial dans la pratique des arts martiaux internes. Comme dans l’aïkido, le tai chi ou de nombreux arts internes, on recherche en priorité l’utilisation minimale de force. La philosophie de base est d’acquérir une stabilité émotionnelle pour neutraliser une attaque en mobilisant le moins de force possible. Un concept qui peut aussi être appliqué dans les sports de combat, d’où mon intérêt pour les arts martiaux internes.

Le chi  ou qi, qu’est-ce que c’est exactement ?

Selon le concept spirituel asiatique, le chi est une forme d’énergie qui s’étend partout et circule dans n’importe quel élément vivant sur terre. Il est important d’avoir conscience de ce concept pour comprendre davantage le fonctionnement des arts internes.

Il y a plusieurs points ou centres d’énergie dans le corps humain qui permettent la circulation du chi dans le corps. Si certains points d’énergie sont bloqués, cela peut provoquer des déséquilibres physiques, posturaux ou émotionnels.

Les exercices de respiration permettent de travailler sur cette forme d’énergie. Les massages et l’acupuncture sont aussi des pratiques qui favorisent la circulation du chi à travers les centre d’énergie.

Selon la philosophie asiatique, la circulation du chi favorise aussi le transfert de poids de corps et donc la puissance.

La relaxation et la respiration

La relaxation et la respiration sont deux formes de travail très spécifiques aux arts martiaux internes. En effet, les deux permettent d’atteindre cet état de zen et de méditation. Principalement le contrôle de respiration apporte de nombreux bienfaits tant au niveau de la performance sportive que du bien-être.

Le diaphragme est un muscle qui permet d’inspirer et d’expirer. Il est donc vital et permet de contrôler la quantité d’oxygène que nous inspirons. Le travail de la respiration permet de renforcer et surtout de contrôler davantage cet organe vital et pourtant trop souvent délaissé au détriment de muscles plus esthétiques.

Le travail de la respiration (principalement de la respiration profonde) comporte de nombreux bienfaits.

Cela va logiquement augmenter l’oxygène dans le sang. Un apport riche en oxygène favorise la circulation du sang et donc améliore l’élimination des toxines. La régulation de la respiration réduit l’activité du cerveau, donc vous aide à contrôler le stress, l’anxiété, et améliore votre capacité de concentration. On peut aussi noter une amélioration de la digestion, du sommeil et du système immunitaire.

Exemple d’un exercice de respiration

Voici un simple exercice pour vous donner un exemple. Tenez vous droit, tout le corps relâché, avec une posture correcte du dos, c’est-à-dire droit. Relâchez vos épaules et chaque articulation de votre corps. Ensuite prenez une inspiration profonde en comptant jusqu’à 5. Puis, gardez votre inspiration et comptez jusqu’à 2. Finalement, expirez en comptant jusqu’à 5, puis comptez jusqu’à 2 une fois que vous n’avez plus d’air.

Répétez l’opération durant 5 à 10 minutes.

Voici une vidéo de Doctissimo décrivant plus précisément comment travailler votre respiration ventrale.

Les arts martiaux internes les plus répandus

Les arts martiaux chinois sont les disciplines les plus répandues pour la pratique interne. Le développement du chi ou qi, ainsi que la philosophie de l’affrontement a été grandement développé en chine. En grande partie parce qu’un très grand nombre d’arts martiaux sont nées en Chine et sont des dérivés du kung fu. Lisez mon article sur l’origine des arts martiaux pour en apprendre plus sur ce sujet.

Voici les arts internes les plus répandus en Chine :

  • Bagua Zhang : art martial issu du nord de la Chine. Le Bagua accentue son travail sur le principe des rotations, pivots, et désaxements.
  • Taiji Quan ou tai chi : art martial très populaire comportant de nombreux styles. La base du tai chi est l’utilisation d’une force fluide et souple en opposition à une force brutale et saccadée.
  • Xing Yi Quan : art martial réputé pour être plus explosif que les autres. Il y a de nombreux styles existants, mais tous ont une base de travail sur la puissance est l’explosivité.
  • Baji Quan : un art explosif basé sur une distance de combat très courte. Les coudes sont donc principalement mis en avant dans cette forme de travail.

Dans les arts martiaux japonais, nous avons principalement l’aïkido qui place une grande importance sur le travail interne.

Les sports de combat / arts martiaux externes les plus répandus

Certains sont des arts martiaux, d’autres des sports de combat. À savoir que les arts martiaux comportent une plus grande part de philosophie et de développement personnel que les sports de combat qui sont davantage tournés sur l’affrontement.

Kickboxing combat

La frontière entre les arts martiaux et les sports de combat est mince à mon avis, cela dépend en grande partie de l’instructeur. Nous pouvons très bien avoir un entrainement de boxe dans un cadre strict, poli, respectueux et un entrainement de judo dans un esprit très compétitif et peu amical. Les arts martiaux ont tendance à mettre plus l’accent sur l’éthique et le respect, mais cela reste une tendance.

Finalement, l’ambiance et les règles du dojo restent gérés par l’entraîneur.

  • Kung fu : art martial chinois très ancien. Le kung fu comporte une grande part de philosophie relative aux arts internes.
  • Karaté : arts martial japonais, créé par Gishin Funakoshi.
  • Judo : art martial japonais créé par Jigoro Kano.
  • Boxe anglaise, boxe française, muay thaï ou kickboxing : sports de combat de percussion où les affrontements se déroulent sur un ring.
  • MMA, arts martiaux mixtes : Combat libre, ou combat comprenant une très large palette de techniques autorisées.

Bienfaits des arts martiaux internes

Bien-être / santé

Les arts martiaux internes sont très bénéfiques pour la santé. Il n’y a aucun point négatif pour le corps à pratiquer un art martial interne. Le travail accrue sur la respiration ventrale et sur la gestuelle assure une bonne circulation  de l’énergie. Nous avons aussi un travail sur la confiance en soi qui peut s’opérer à travers cette recherche de contrôle du corps.

 

Tai chi

Se concentrer sur la respiration et sur le contrôle de la gestuelle permet de stabiliser et de focaliser ses pensées. Nous avons donc un travail qui peut se rapprocher de la méditation, donc très bénéfique pour la gestion des émotions. Pendant une journée, nous emmagasinons toutes sortes d’émotions comme du stress, de la colère, de la joie, ou de la tristesse. Nous avons tous besoin de stabiliser tout ça et de remettre « les compteurs à 0 ».

Pour la santé, nous améliorerons notre sens de l’équilibre, notre mobilité, notre stabilité, ainsi que notre renforcement musculaire. Le seul point creux, est le système cardiovasculaire qui n’est pas ou très peu utilisé.

Efficacité

Point de vue efficacité, il y a bien sûr pas le même rapport qu’avec les arts martiaux externes. Simplement parce que la finalité des arts internes n’est pas le combat, mais le contrôle de soi à travers des mouvements martiaux. Nous n’avons pas de système de combat ou d’application sparring, donc « d’échanges ». Ainsi, il n’est pas possible de développer une efficacité fonctionnelle en combat. Les arts internes servent à mon avis d’excellents compléments, et non une matière principale si l’on souhaite apprendre un système de combat efficace.

Bienfaits des arts martiaux externes

Bien-être / santé

Les arts externes permettent de développer une très grande confiance en soi, à travers la rudesse des entraînements et des combats.  La focalisation et la concentration nécessaire pour la pratique de ces disciplines permettent aussi de se vider l’esprit et ainsi d’évacuer de nombreuses émotions négatives.

Respirer

De manière générale, les arts externes permettent un bon développement du renforcement musculaire, et pour la plupart de l’endurance cardio-vasculaire. La souplesse et la mobilité composent aussi une grande part des aptitudes à développer.

Le point creux pour la santé, est que certaines pratiques peuvent devenir destructrices pour le corps. Les coups reçus en boxe, les articulations des genoux en judo, ou encore les hanches d’un pratiquant qui auraient donné de mauvais coups de pieds. Qui dit mouvement vif, dit risque de blessure, et le combat n’est pas sans risque. La pratique douce d’un art interne préservera nettement mieux votre corps sur le long terme et sera moins traumatisant pour vos articulations.

Efficacité

Il n’y a pas photo, un sport qui met en jeu le combat permet de développer des aptitudes fonctionnelles pour se battre. Le timing, la gestion de la distance, et la lecture de combat sont des éléments qui priment sur la vitesse, la puissance et l’équilibre. Et ces notions, il n’est possible de les acquérir uniquement en combattant ou en pratiquant une forme de sparring ou de randori.

Conclusion

Pour conclure, chaque domaine d’arts martiaux comporte ses avantages et ses inconvénients. Les arts martiaux internes permettent de développer une pratique saine pour le corps sur le long terme. Par contre, ils mettent l’aspect efficacité et endurance cardio-vasculaire en second plan.

Tandis que les arts externes, plus portés sur le combat et l’efficacité, sont plus nuisibles pour le corps sur le long terme. Ils ne sont pas forcément mauvais pour le corps, au contraire, mais nous devons faire attention dans notre pratique à nous préserver. En contre-partie, nous travaillons tous les piliers de la condition physique.

L’idéal est de combiner les deux domaines d’application pour couvrir un maximum d’aspects. Nous aurons ainsi, selon nos attentes, un travail sur l’énergie interne et sur l’efficacité. Ou si la pratique d’un art interne ne vous intéresse pas, optez pour en adopter l’essence et la philosophie. Je vous garantis que vous en sortirez gagnant sur le long terme. Et cela ajoutera une nouvelle facette à votre manière de vous entraîner !

6 commentaires

  1. Bonjour et merci pour cet article très intéressant.
    Toutefois je suis étonné du conseil de respiration « sophrologique » pour les arts martiaux, internes notamment. De nombreux Maîtres reconnus conseillent la respiration ventrale inverse (rentrer le ventre sur l’inspir, relâcher sur l’expir ; et inspir/expir par le nez) ! Rien à voir donc avec la méthode proposée ici, quels que soient ses mérites par ailleurs (sophro, relaxation ou autre)
    Bien cordialement.

    • Bonjour, merci pour votre message et partage, alors oui il existe une multitude d’exercices de respiration.
      Chaque méthode de respiration, comme chaque technique comporte des avantages et inconvénients, rien n’est totalement juste ou totalement faux.
      Contracter la ceinture abdominale sur l’expiration permet de mieux encaisser les frappes au corps. C’est donc un réflex utile qui s’applique directement en situation réelle. Si vous avez déjà pris des frappes au corps, vous remarquerez que le fait d’expirer lors de l’impact en contractant la ceinture abdominale permet de réduire les dégâts et la douleur, d’où son utilité. Mais cela ne veut pas dire que contracter lors de l’inspiration est faux, les bienfaits sont justes différents. Mais lors que l’on parle d’échange de frappes (combat), c’est mieux d’expirer-contracter lorsque l’on frappe et lorsque l’on absorbe des frappes. J’espère que vous m’avez bien compris.
      Cordialement,

  2. Très beau blog ! et franchement un grand merci pour la qualité de rédaction de tous vos articles ! De mon expérience et ma compréhension tous les arts martiaux ont pour finalité une efficacité au combat qu’ils soient internes ou externes. Par contre en terme de percéption de l’efficacité, tout est relatif et fonction de nombreuses variables, tels que le contexte, les intentions, le conditionnement mental ou physique, la maîtrise technique et émotionnelle et comme dit si bien Jeremy dans son commentaire, la valeur du pratiquant, valeur qui peut se définir en partie par ses capacités à gérer toutes ces variables.

    • Bonjour ! Tout d’abord merci pour votre commentaire sur nos articles ! Nous passons effectivement beaucoup de temps pour écrire !
      Effectivement, c’est en réalité très difficile de définir et quantifier ce que l’on nomme « efficacité ». Au final, tous les arts martiaux ou sports de combat recherchent une forme d’efficacité à différents degrés d’intensité. 🙂

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