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Faisons connaissance avec David Baron, ancien combattant au Pride et à l’UFC

Nous rencontrons David Baron, un ancien combattant de MMA de très haut niveau. Il est l’un des premiers français à avoir combattu à l’UFC et au Pride. David Baron a affronté et vaincu d’énormes adversaires, on peut citer Dan Hardy ou Hayato Sakurai mais il a également livré un superbe combat contre le champion de l’époque Takanori Gomi.

Faisons connaissance avec David Baron

Dans cette interview, David Baron va donc nous raconter son parcours dans les arts martiaux, ses différents métiers, de son livre  » les fondamentaux du MMA  » et son après carrière.
Bonne lecture !

Bonjour David Baron, comment vas-tu ?

Bonjour Brandon, ça va plutôt bien. J’ai subi une attaque de chien récemment sur intervention, mais par chance rien de grave et je récupère bien. Ça restera donc une mauvaise expérience.

Photo facebook David Baron

Peux-tu nous raconter ton parcours martial jusqu’à ton arrivée dans le MMA ? Pourquoi t’es-tu décidé à pratiquer des arts martiaux et sports de combat ?

J’ai commencé les sports de combat à l’âge de 9 ans en commençant par le judo. En fait j’étais la tête de Turc de quelques camarades et l’idée de pouvoir me défendre a été la première source de motivation au départ.

C’est un copain de l’époque qui m’a fait découvrir l’activité. J’ai rencontré mon professeur Jacky Bicheux. L’activité me plaît, mais je me rends compte aux alentours de 14-15 ans que pratiquer juste un sport de préhension pour se défendre n’est pas suffisant et qu’il serait intéressant de rajouter une pratique de percussion.

Je me mets donc à pratiquer la boxe française. Je suis toujours la tête de Turc de certains personnages, habitant le 93, blond aux yeux bleus, c’est moi qui fait partie de la minorité… Heureusement les sports de combat me plaisent. Le fait de devoir me défendre n’est pas ma seule source de motivation.

Mes partenaires d’entraînement sont beurs, blacks, jaunes, blancs… et me permettent de ne pas tomber dans un racisme primaire. C’est dans la fin des années 90 que l’on découvre l’UFC. Et là tout devient clair, il n’y a pas de pratique ultime, il faut pratiquer l’ensemble des disciplines, être polyvalent, pour pouvoir trouver une solution à chaque situation. J’étais donc sur la bonne voie avec mon judo et la boxe française.

Je trouvais pour autant cette discipline extrême et hyper violente. Mais je restais intrigué, en regardant les combats de l’époque j’en trouvais les solutions rapidement.

Puis je rencontre chez les pompiers de Paris avec un jeune homme dont je deviens le parrain pour ses premiers pas dans le monde du pompier : Denis Saioni. Il me fait découvrir le monde du Kempo. Je trouve mes repères tout de suite, la discipline ressemble à du MMA sans frappes au visage avec les poings vêtu d’un kimono. Je peux donc appliquer mon judo sans trop de crainte de prendre un KO.

Mais rapidement je me rends compte qu’il n’y aura pas trop d’évolution dans cette discipline, il n’y a pas suffisamment d’adversaires… Je découvre par la suite un club qui emmène des combattants à l’étranger pour du MMA, le vrai !

Tu es l’un des auteurs du livre « Les fondamentaux du MMA ». Pourquoi t’es-tu décidé à écrire un livre ?

En fait je me suis rendu compte dans ma pratique que bien souvent, lorsque j’apprenais une technique, elle finissait par remplacer la dernière… Ou encore, je redécouvrais une technique déjà apprise… Je me suis donc mis à noter dans un classeur les techniques qui me convenaient pour ne plus les oublier. Quand je me suis mis à enseigner à des élèves, je leur ai conseillé de venir en cours muni d’un stylo et une feuille afin de faire comme moi et de ne pas oublier les techniques déjà apprises. Mais personne ne l’a jamais fait, ou alors tu venais avec la feuille sans le stylo… 😀

C’est alors que Bruno Amiet est venu vers moi pour me proposer la création du livre « les fondamentaux du MMA« . J’ai tout de suite accepté en me disant que cela serait un super outil pour les futurs pratiquants.

Tu as été pompier de Paris. Tu dis dans un article « mon métier m’a servi pour mon sport et mon sport m’a servi pour mon métier » Peux-tu nous expliquer ?
Quelles valeurs sont communes au MMA et dans le métier de pompier ?

Le métier de pompier de Paris est une véritable école de la vie. Tu es confronté à des événements tellement graves que cela te permet de relativiser sur beaucoup de choses par la suite. Tu apprends à avoir une bonne gestion du stress. Les entraînements quotidiens te permettent aussi d’avoir une excellente condition physique. Le code déontologique des pompiers est semblable à certains points à celui du combattant sportif. Le fait de pratiquer le MMA en compétition m’a obligé à développer ma combativité et à garder une condition physique irréprochable, bien utile donc lors des interventions difficiles. Je pense notamment lors des violents incendies…

Que fais-tu maintenant comme métier ?

Aujourd’hui je suis policier municipal et mon sport est bien utile. Pas seulement pour le côté combat, mais aussi pour la pédagogie développée lors de mes cours. J’avoue quand même que le niveau acquis lors de ma carrière sportive me permet d’être serein lors des confrontations verbales dans les milieux difficiles.

David Baron, tu as combattu dans la plus prestigieuse organisation de MMA au monde. L’UFC. Peux tu nous raconter ton combat contre Jim Miller ?

Ce combat est arrivé au mauvais moment de ma vie. J’étais en pleine période de séparation et j’étais en fin de carrière à la BSPP, en pleine recherche d’un nouveau boulot… Jim Miller était un adversaire très solide, contre lequel je n’ai pas trouvé de solutions sur le moment. Il faisait beaucoup plus d’efforts que moi dans le combat et ne se fatiguait pas. Jim parvenait à récupérer sur chaque temps d’arrêt du combat. Il n’y a pas à discuter, ce jour-là il était meilleur que moi. C’est un très bon combattant, il l’a d’ailleurs démontré par la suite.

Est-ce que tu suis l’actualité de l’UFC ou du Bellator ?

J’ai complètement décroché du MMA actuel. Papa de quatre enfants, ayant un boulot qui prend beaucoup de temps et donnant des cours à côté de MMA, je n’ai pas le temps pour me pencher sur les nouveaux valeureux combattants…

Selon toi, qui est le plus grand combattant de MMA de tous les temps ?

Sans hésitation Emelianenko Fedor. Pour sa polyvalence dans le combat, sa persévérance, sa détermination, son humilité, son respect et sa discrétion.

Tu as combattu pendant plus de 10 ans dans les plus prestigieuses organisations au monde, Pride, Shooto, M1, UFC …
Peux-tu nous raconter ton meilleur souvenir ?

En ce qui me concerne, l’UFC n’a pas été la plus belle organisation.
Le Pride m’a beaucoup plus marqué. Il y avait une véritable mise en scène des combattants qui était spectaculaire. Chacun d’entre nous sortait d’un masque Samuraï, descendait les escaliers sur sa musique et le parcours jusqu’au ring était ponctué de feu d’artifice. Lors de ce combat, j’ai rencontré le numéro un mondial de l’époque, Takanori Gomi, et même s’il se termine par une défaite, il restera l’un de mes meilleurs souvenirs, c’était une belle défaite.

Photo Facebook : David Baron et Takanori Gomi

Ton pire souvenir ?

Découvrir à 5 jours du combat que je ne combats pas à moins de 73 mais en moins de 71 alors que je pesais 77 kg…

Tu as été l’entraîneur de Tom Duquesnoy. Un petit mot sur lui et sa carrière ?

Tom est quelqu’un qui comprend tout très vite. Les techniques, la stratégie, la nécessité de la préparation physique pour les combats. Mais il a compris également qu’être champion de MMA n’était pas la seule source du bonheur.

Tu as pratiqué du Béhourd. Peux-tu nous expliquer de quoi il s’agit ? Que penses-tu de cette discipline ?

Le Béhourd est un sport de combat en armure de chevalier où les coups sont portés avec un maximum de force.
Les combats en individuel sont assez proches du MMA.
Les combats en équipe sont un peu plus bourrin, mais permettent de combattre avec les copains.

C’est un sport super difficile où frapper son adversaire devient parfois plus contraignant que de prendre les coups. J’avoue quand même que l’idée d’aller s’amuser à se foutre des coups de hache dans la gueule est un peu particulière 😀

David Baron au Béhourd
David Baron

Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui aimerait évoluer tout comme toi à très haut niveau ?

Je lui dirai qu’il faut beaucoup de détermination, d’abnégation, et de se retirer de la tête que de faire plus est forcément mieux.
Je lui dirai également que le travail ne se fait pas seulement à la salle, et de relire régulièrement ses techniques afin que celle-ci ressortent automatiquement. Et enfin de prendre conscience que la principale personne qui peut faire de lui un champion, c’est avant tout lui-même.

Quels sont tes prochains objectifs ?

Et bien de continuer ce que je fais actuellement, je suis déjà comblé.

Un dernier mot David Baron ?

Merci pour l’intérêt que tu portes à ma petite personne !

Conclusion

Un énorme merci David Baron d’avoir répondu à mes questions. Tu es une formidable personne et ton palmarès est à ton image, super positif ! 17 victoires pour 4 défaites en ayant combattu dans les plus grandes organisations du monde. On ne peut qu’être admiratif.

Je conseille à tous les passionnés de MMA ton super livre  » Les fondamentaux du MMA  » que tu as écrit avec Bruno Amiet et Mathieu Delalandre pour découvrir de nombreuses techniques de MMA présentées toujours de façon claire et didactique. Que vous soyez débutants ou confirmés, ce livre est un formidable moyen de réviser toutes les bases du MMA. Indispensable même !

Je vais finir par une citation de Georges Saint Pierre, « Une fois que j’ai dépassé la colère et la rage de mon enfance, une fois que j’ai arrêté de me considérer comme une victime, je me suis senti capable de m’ouvrir à une grande source de connaissance. »

Un commentaire

  1. ça c’est un parcours complet ! Pompier, UFC, Behourd… Un grand bravo et bonne continuation ! Toujours aussi bien ces interviews !

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