Hurt Business. C’est le nom d’un documentaire sorti il y a presque quatre ans et qui met en lumière le MMA et principalement la plus grosse organisation actuelle : l’UFC. Je vous propose donc de vous parler des principaux thèmes abordés dans ce documentaire réalisé par Vlad Yudin.
De quoi parle Hurt Business ?
Kevin Costner prête sa voix pour nous raconter ce qui se passe en dehors et dans une cage de MMA. Ce documentaire sorti en 2016 aborde plusieurs aspects autour du MMA en développant l’histoire de certains combattants. Il traite ainsi, des salaires, des problèmes de santé, du dopage sans oublier les sacrifices des combattants pour être au plus haut niveau.
Un documentaire peut-être trop axé sur l’Amérique
Hurt Business replonge dans l’histoire, 2500 ans avant notre époque pour nous raconter les origines du MMA. Le pancrace, semblable au MMA, était alors pratiqué notamment en Grèce Antique. Mais depuis plus de 20 ans, le MMA a explosé dans le monde et est désormais un sport très populaire. Hurt Business retrace ainsi l’histoire de certains combattants comme la famille Gracie qui ont permis au MMA d’être aussi connu aujourd’hui notamment grâce à l’UFC.
Le documentaire aurait dû selon moi parler davantage d’autres organisations telles que le Pride afin de mieux comprendre l’évolution de la popularité du MMA dans le monde. En effet, jusqu’à 2007 et son rachat par les propriétaires de l’UFC, le Pride était incontournable pour tous les passionnés de MMA. Beaucoup de combattants se sont révélés dans cette organisation, on peut penser à Fedor, Wanderlei Silva ou Dan Henderson.
Ainsi, ce documentaire ne fait que trop peu de références aux autres organisations ( on peut également penser au rôle du K1 dans la diffusion et la popularité des sports de combat dans le monde ). Ces deux organisations japonaises méritaient qu’on parle donc davantage de leurs rôles, notamment pour mieux comprendre le succès de l’UFC.
Gros plans sur quelques stars du MMA
Beaucoup de combattants apparaissent dans Hurt Business et donnent leurs avis sur les différents thèmes abordés. On voit ainsi, Ronda Rousey, Chuck Liddell, Bas Rutten, Urijah Fabber, Ben Askren ou Daniel Cormier. Et je n’en cite là qu’une petite partie.
Hurt Business développe tout au long du documentaire l’histoire de plusieurs combattants. Ainsi, Sara McMann, Jon Jones, Michael Chandler et Rashad Evans entre autres, racontent leurs parcours.
Sara McMann
Sarah nous raconte ses débuts dans les sports de combat. Cela a été difficile pour elle car elle a dû aller contre les préjugés de la femme qui reste à la maison. Elle le dit elle même, « c’était une autre époque ». De plus, elle a dû faire face à la mort tragique de deux de ses proches. Mais cela ne lui a rien enlevé dans sa détermination à être une championne.
Jon Jones
Jon est présenté comme l’une des plus grosses stars de l’UFC. Hurt Business nous raconte entre autres sa rivalité avec Daniel Cormier, mais aussi sa fuite lors d’un accident de voiture laissant ainsi une femme enceinte blessée, seule. D’autres séquences le montrent dans un magasin de jouets achetant des barbies pour ses filles. Le documentaire explore ainsi toutes les facettes et les moments de vie du combattant. D’ailleurs, Jon avoue dans ce documentaire « J’enfonce mes doigts dans les yeux ( durant les combats ), c’est complètement illégal, mais je le fais. Je leur dis que ce n’est pas intentionnel, mais maintenant je suis célèbre pour ça et ça fonctionne. »
Michael Chandler
Michael est une énorme star au Bellator où il combat chez les poids légers. Chandler nous fait part de sa difficulté à rebondir après trois défaites consécutives dans une aussi grosse organisation pour finalement parvenir à reconquérir le titre. On s’aperçoit qu’il s’agit d’un combattant sérieux aussi bien dans la cage que dans la vie. Il fait d’ailleurs très attention à bien placer son argent pour anticiper sa retraite de sportif de haut niveau.
Rashad Evans
Rashad nous parle de ses difficultés à revenir au plus haut niveau après sa défaite contre Jon Jones en avril 2012. Il a ainsi quitté son équipe. Rashad se blesse au genou quelque temps plus tard et l’on suit son évolution dans sa rééducation, ses entraînements et sa vie familiale.
Une critique sur les salaires des combattants
Hurt Business consacre une partie de son documentaire sur les salaires des combattants. Il met ainsi en évidence les différences colossales de salaires entre les stars de l’UFC et ceux moins bien classés. Selon Michael Joker, seuls les trois premiers de chaque catégorie sont bien payés. Il explique ainsi que l’UFC n’utilise même pas 2% de son argent pour rémunérer les combattants. D’ailleurs, il nous raconte pour l’anecdote, qu’il a même du payer pour participer à son premier combat.
Tous les combattants qui sont interrogés sur la question des salaires avouent qu’il y a un problème et qu’il faudrait changer les choses.
En sachant qu’une carrière moyenne de MMA à haut niveau dure environ 9 ans, les combattants ont intérêt de prévoir l’avenir s’ils ne veulent pas être vulnérable lors de leur retraite sportive.
Drogue et dopage
Hurt Business montre également les aspects les plus sombres de la course à la victoire. C’est le cas du dopage. Ariel Helwani nous dit par exemple que c’est une épidémie grave et que 60 à 90% des combattants prennent quelque chose. Georges St-Pierre confirme en disant que c’est de la folie.
Lorsque l’on pose la question à Jon Jones « vous n’avez pas peur que quelqu’un qui utilise des stéroïdes prenne votre titre ? » Jones répond « Comme dans tous les sports, certains veulent sortir du lot, surtout quand des millions de dollars sont en jeu. Les gens font tout ce qu’ils peuvent pour être les meilleurs. Le combat c’est tout pour moi, je bosse comme un dingue pour être en forme. Si j’y arrive, d’autres personnes devraient aussi y arriver. »
Peu de temps après ses déclarations, Jones fait un délit de fuite suite à un grave accident, on trouve alors de la marijuana dans son véhicule. Plus grave encore, on découvre qu’il est positif à des substances dopantes, dont les stéroïdes.
Blessures, problèmes de santé et dépression
Hurt Business nous montre plusieurs extraits de combats où le sang coule à flots et où les membres se cassent comme par exemple la jambe cassée d’Anderson Silva dans son combat contre Chris Weidman.
On suit tout au long du documentaire, Rashad Evans blessé au genou. Le film montre sa convalescence, sa rééducation, ses opérations, ses doutes. Rashad dit alors, « On ne sait jamais a quel moment on n’est plus vraiment dans le coup ».
Mais au-delà des blessures physiques, il y a des blessures qui ne se voient pas. Et qui pourtant, sont bien plus graves.
Gary Goodridge nous parle de ses absences mentales, de ses difficultés à parler ainsi que ses problèmes d’agressivité. Lorsque le neurologue lui demande combien il a eu de commotions cérébrales, Gary répond « plus de 14 ». Et c’est sans compter celles dont il ne se souvient pas.
Michael Joker Guymon nous raconte sans tabou, sa tentative de suicide et sa dépression. Il ne sait plus où il en est. Doit-il retourner combattre ? Comment va-t-il continuer à enseigner s’il n’a plus les moyens de payer son école ?
Les échecs sportifs et les problèmes d’argent ont ainsi une incidence directe sur sa vie familiale qui a été au bord de la rupture. Ce qui le conduit à envisager malheureusement le pire.
D’ailleurs beaucoup de combattants consultent des psychologues suite à des défaites ou des mal-être.
Tito Ortiz nous dit ainsi « je fais deux choses avant un combat : je vomis et je pleure. »
Le documentaire nous rassure tout de même en expliquant que les différentes organisations font un gros travail quant à la sécurité et l’intégrité physique et cérébrale des combattants.
L’évolution positive de l’arbitrage
John McCarthy, le célèbre arbitre de MMA nous parle de l’évolution du rôle de l’arbitre depuis les débuts de l’UFC.
Il nous raconte ainsi qu’au tout début, il n’y avait que deux règles « on ne mord pas, on ne touche pas aux yeux, tout le reste était permis ». L’arbitre ne pouvait pas stopper le combat, il fallait que l’équipe jette la serviette ou qu’il y ait soumission. Ainsi, plus d’une fois des combattants presque inconscients se faisaient lyncher au sol sans que l’arbitre n’intervienne. C’est une autre époque, heureusement !
John nous raconte alors, qu’il crée 18 règles interdisant certaines pratiques. À ce moment du reportage, nous pouvons ainsi voir un combattant frapper dans les testicules de son adversaire. Un autre, passer sous la coquille pour aller écraser les testicules adverses. Tout était bon pour gagner. Bruce Buffer explique que le rachat de l’UFC par Dana White et les frères Fertitta a sauvé l’organisation d’une mort certaine.
Conclusion
Hurt Business est donc un documentaire qui peut être vu par tout le monde, du simple curieux au grand passionné. En abordant les différents aspects du sport de haut niveau, on s’aperçoit qu’il y a un monde en dehors de la célèbre cage.
Hurt Business ne cherche pas selon moi à dénoncer les dérives et les dangers du MMA, il cherche davantage à prévenir ce qu’il se passe en dehors du show, des acclamations du public et de l’argent coulant à flots.
Il s’agit donc d’un très bon documentaire pour ceux qui veulent découvrir ces aspects-là. Cependant, il est certainement un peu daté ( 2016 ), les vrais passionnés savent que tout évolue très vite dans ce sport. À ce moment-là, il était toujours interdit de combattre à New York par exemple.
Je conseille donc Hurt Business à toute personne qui aime le MMA et qui a envie de découvrir ou redécouvrir certains combattants et les aspects plus ou moins sombres de ce formidable sport.