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Trois Grands Noms Du Judo

Dans cet article, je vais vous présenter trois légendes du Judo. Le but est de vous résumer le plus simplement possible des figures historiques qui ont marqué le monde du Judo. Nous allons commencer par présenter son fondateur Jigoro Kano, puis nous allons nous intéresser à deux maîtres qui ont énormément apporté au Judo, Kyuzo Mifune et Masahiko Kimura.

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Jigoro Kano

Jigoro Kano

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Débuts difficiles

Jigoro Kano est né en 1860 au Japon à Mikage. À l’âge de neuf ans, Kano perd sa mère, il se fait donc élever par son père avec ses quatre frères et sœurs. Il fait de brillantes études et s’intéresse beaucoup à la culture occidentale. Cependant, ses camarades se moquent de lui à cause de son gabarit. En effet, Jigoro est petit et très fin, ce qui l’empêche de pratiquer certains sports et lui donnent droit à des surnoms désobligeants tel que Nobe No Suke qui était un samouraï fin et fragile.

Apprentissage

À l’âge de 17 ans, il commence alors à étudier un style de Ju-jitsu avec le maître Fukuda Hachinosuke bien que son père lui interdit d’apprendre cet art martial réputé pour être décadent. Par la suite, il va s’entraîner avec des grands maîtres ayant chacun leurs spécificités. Par exemple, Iso Mataemon, spécialiste du travail des coups, l’ate waza. Puis avec, Iikubo Tsunetoshi, un ancien samouraï, spécialiste notamment des techniques de projections. Ces derniers reconnaissent Kano comme étant un expert. Il fonde alors à l’âge de 21 ans le Judo Kodokan, Judo signifiant « la voie de la souplesse » alors que Ju-jitsu signifie « technique de la souplesse ». La différence fondamentale entre ces deux arts est la finalité. En effet, le Ju-jitsu a été crée pour se défendre et neutraliser un ennemi sur les champs de bataille. Alors que le Judo est basé sur le respect entre deux adversaires et la recherche de progression toujours dans une optique de paix. Son esprit et sa méthode se résument à SEIRIOKU ZENYO, « Minimum d’effort, maximum d’efficacité »

Expansion du Judo

Il ouvre son école à Tokyo dans une petite salle contenant seulement douze tatamis ( environ 24 m2). Seulement neuf élèves s’inscrivent dans son école la première année. Ses revenus sont donc très faible, d’autant plus que sa famille ne le soutient pas dans son projet. Mais heureusement tout s’accélère rapidement pour Jigoro Kano. L’année suivante, il ouvre une salle avec le double de tatamis. Le Judo commence à se faire largement connaître. Jigoro commence des voyages dans d’autres pays pour présenter son art, il vient faire notamment une démonstration en France. En 1889, plus de 600 élèves suivent les cours du maître. Son école a bien changé, en l’espace de sept ans, le nombre de tatamis est passé de 12 à plus de 167. L’école est donc devenu un lieu réputé pour venir s’entraîner. De nombreux défis entre écoles de Ju-Jitsu et l’école de Kano sont remportés par cette dernière. Cela accroit fortement la popularité de Kano. À l’âge de 49 ans, il devient le premier japonais à être membre du Comité International Olympique. Deux ans plus tard, il crée une section pour former des professeurs de Judo. C’est aussi grâce à lui que le Judo est enseigné dans les écoles publiques japonaises. En 1922, Kano rencontre Funakoshi Gichin, le fondateur du Karaté shotokan et quelques années plus tard Morihei Ueshiba, le fondateur de l’Aïkido. Il multiplie les voyages en Europe et en Amérique pour exporter son art et l’intégrer aux Jeux Olympiques. Finalement le Judo intègre les JO en 1964.

Vie personnelle et mort

En 1891, il se marie avec Sumako Takezoe et aura neuf enfants. Jigoro meurt d’une pneumonie en mai 1938, à l’âge de 78 ans (Certains disent qu’il a été empoisonné à cause de sa position anti-militariste.) On lui attribue le grade de 12ème dan à titre posthume. Il ne pourra ainsi jamais être dépassé dans sa discipline.

Kyuzo Mifune

Kyuzo Mifune

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Doué dès l’enfance

Kyuzo Mifune est né en 1883 au Japon sur l’île d’Honshu. Lorsqu’il est enfant, il est très dissipé, son père décide alors de l’envoyer en pensionnat. C’est dans son collège qu’il découvre le Judo, une passion qu’il va garder toute sa vie. Lors d’un tournoi, il arrive à battre neuf adversaires successifs. Son talent pour le Judo n’est alors plus à prouver.

Une légende du Judo

À l’âge de 20 ans, Mifune arrive à s’inscrire dans l’école Kodokan de Jigoro Kano. Il progresse très rapidement jusqu’à arriver au 6ème dan à l’âge de 29 ans.  Ce 6ème dan est appelé Rokudan, c’est un très haut niveau en Judo, la ceinture devient rouge et blanche. De plus il devient instructeur. Mifune a droit à de nombreux surnoms élogieux, on l’appelle par exemple « le Dieu du Judo« . Comme vous allez le voir dans la vidéo ci-dessous, le talent de Mifune Kyuzo est indiscutable et impressionnant. On ressent dans chacun de ses gestes, la puissance, la maîtrise et une grande élégance dans chaque exécution. De plus, il possède une excellente gestion du combat, tous ses mouvement sont en synchronisation avec son adversaire. D’ailleurs, Mifune s’est beaucoup inspiré de la science pour ses techniques de Judo, c’est grâce à cela qu’il a parfaitement compris la biomécanique du corps humain et qu’il n’a jamais été vaincu dans ses tournois. Lorsqu’il a 54 ans, Jigoro Kano lui donne le 9ème dan. L’année d’après, ce dernier décède et Mifune Kyuzo devient alors l’un des plus populaires maîtres de Judo. Son style de judo est souple et beaucoup plus explosif que celui enseigné par Kano. Il fait évoluer ainsi le Judo en lui apportant plus de liberté. Cela plaît beaucoup en Occident. Il atteint le 10ème dan en 1945 et sort quelques années plus tard le livre « The Canon of Judo » regroupant toutes les techniques de Judo et l’histoire du Ju-jitsu et du Judo au Japon. Ce livre est véritable référence pour tous les passionnés d’arts martiaux.

Son combat fantastique

Celui qu’on surnomme le « Dieu du Judo » accepte un défi. Celui de combattre un lutteur sumo d’1m83 pour plus de 108 kilos. La différence est frappante entre ce dernier et Mifune qui ne mesure même pas 1 mètre 60 et atteint péniblement les 50 kilos. De plus au moment du combat Kyuzo est âgé de plus de 40 ans. Cela ne l’empêche pas de remporter le combat avec son célèbre Uki-Otoshi. Il s’agit d’une technique de projection qui signifie renversement flottant.

Vie personnelle et mort

Mifune Kyuzo a beaucoup apporté pour le Judo, il est considéré comme l’un des plus grands techniciens de tous les temps. Peu avant sa mort, il est organisateur pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Il meurt à l’âge de 81 ans d’un cancer de la gorge.

Masahiko Kimura

Masahiko Kimura

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Le Judo dès l’enfance

Masahiko Kimura est né en 1917 au Japon à Kumamoto, au sud du Japon. Il commence le Judo à l’âge de dix ans. Il devient très vite un prodige dans cet art et obtient six ans plus tard son 4ème dan. À seulement 18 ans, il obtient son 5ème dan en battant successivement huit adversaires au Kodokan. Cependant, quelques mois plus tard, Kimura connaît quatre fois la défaite, dont une qui lui vaut une commotion cérébrale. Cela va profondément le marquer, il va alors tellement s’entraîner qu’il ne connaîtra plus jamais la défaite durant sa carrière.

Parcours exceptionnel

Il gagne de nombreux tournois partout au Japon et devient très populaire. Pour garder son invincibilité, il s’entraîne jusqu’à neuf heures par jour et exécute un millier de pompes à chaque séance. Kimura obtient son 7ème dan à l’âge de 30 ans, il est même en avance sur le « Dieu du Judo ». Il continue d’affronter les plus grands champions du Japon, des meilleurs techniciens aux plus puissants de 110 kilos. Les tournois sont toujours plus prestigieux, il participe par exemple à un tournoi réunissant les 32 meilleurs judokas du pays. Il remporte ce tournoi et obtient une récompense de l’empereur. Durant la seconde Guerre Mondiale, il est mobilisé mais continue d’entraîner ses élèves. Lors du tournoi All Japan en 1949, ses adversaires sont si coriaces que ses combats peuvent durer plus de trois heures. Il arrive néanmoins en finale contre Takahiko Ishikawa, un immense champion qui a atteint le 9ème dan à la fin de sa vie. Aucun des deux n’arrivent à prendre l’avantage, Mifune Kyuzo déclare donc les deux combattants vainqueurs.

Son combat contre Helio Gracie

L’un des combats les plus importants de sa vie se passe en 1951 au Brésil contre Hélio Gracie. Ce dernier est l’un des fondateurs du Jiu-jitsu Brésilien, c’est un art martial inspiré du Judo et du Ju-jitsu Japonais. Ce dernier est champion de cette discipline depuis une vingtaine d’année. C’est Helio Gracie qui fixe les règles du combat, le perdant perd soit pas soumission soit par KO. La différence physique entre les deux combattants est visible, Kimura mesure 1m70 pour 85 kilos tandis que Gracie mesure 1m64 pour 65 kilos. Le public brésilien est sûr de la victoire de leur champion et apporte même un cercueil pour Masahiko. Le combat est très éprouvant, toutes les techniques possibles sont employés, du Kesa-Gatame (contrôle par le travers) au Ō-soto-gari (grand fauchage extérieur) en passant par des Sankaku-Gatame (luxation du coude en triangle). Mais c’est finalement le japonais qui trouve la faille et neutralise le brésilien avec un Ude-Garami renversé (luxation du bras). Ne voulant pas se rendre, Helio se fait casser le bras mais tente tout de même de continuer le combat jusqu’à que son frère jette l’éponge. Ce combat a permis de faire connaître beaucoup plus largement Kimura dans le monde des arts martiaux. Aujourd’hui une technique porte même son nom.

Vie personnelle et mort

Masahiko s’intéresse également au Karaté et au Catch.  Il ne va jamais pouvoir dépasser le 7ème dan car l’école Kodokan l’avait interdit de participer à son combat au Brésil. Kimura décède d’un cancer du poumon à l’âge de 74 ans en 1993. Mais son héritage est toujours présent avec l’UFC qui a été crée quelques mois après son décès par la famille Gracie qui s’est inspiré de nombreuses techniques de Judo et de Kimura.

6 commentaires

  1. Un article passionnant avec les extraits vidéos de ces maîtres du judo !! Très bon travail !!

  2. Salut 🙂
    Je te remercie pour ton commentaire.
    En effet, Kano est le fondateur et il a une sacrée histoire, il s’est vraiment battu pour imposer son Judo et il a réussi. Il a galéré de nombreuses années, mais il a réussi son rêve.
    J’ai tenu à préciser sa rencontre avec Morihei Ueshiba pour montrer qu’ils étaient contemporains. C’est vraiment une formidable époque pour les arts martiaux, elle réunit les plus grands maîtres et fondateurs.
    L’histoire des deux autres est passionnante également. Ils ont réussi à diffuser l’art de Kano en le modernisant et en apportant plus de liberté.

  3. Je m’explique : pour moi le parcours de Jigoro Kano est le plus intéressant.
    Ce qui s’est passé en 1920 lors des défis opposant les « Maitres samourai » et leurs écoles de ju-jutsu traditionnel face aux judoka se confirment.
    Jigoro Kano à ainsi créer un nouveau ju-jutsu donc les maîtres redoutaient l’influence et le succès. Ils voulaient garder l’ascendant sur le ju-jutsu et continuer à imposer leurs codes (à l’époque il était imposé dans les armées, clubs, police, bref ça faisait partie de la culture).
    Malheureusement pour eux et leur orgueil, Jigoro Kano et ses élèves ont mis fin à ce cycle, et le Judo à pu commencer à connaître du succès (mérité).
    On apprend également la rencontre entre monsieur Kano et le fondateur du Karaté Shotokan, fait important selon moi car c’est à partir de là que dans le ju-jutsu japonais (moderne surtout), les atemis du karaté seront impliqués.
    En remplacement du vieux ate-waza des ju-jutsu traditionnel.
    La rencontre avec le fondateur d’Aikido en revanche me paraît plus anecdotique (je peux me tromper).
    L’ensemble de son parcours est intéressant, il aurait été mieux à mon sens d’en savoir plus sur tous les maitres qu’il a eux (d’avoir un peu plus de détails) ainsi que ce que ça lui a apporté pour développer plus tard SON ju-jutsu qu’est le Judo. Du coup encore un bon point, on connait les débuts de sa pratique : entrainements avec des maitres ayant chacun leurs spécificités (un pour les projections, un autre pour les coups, etc), ses premières années difficiles en tant qu’enseignants avec peu de revenus (en plus du manque de soutien de sa famille).
    Bref très intéressant tout ça.

    Un petit mot pour les deux grands pratiquants, leurs parcours sont pas inintéressants non plus (le duel entre Gracie et Kimura, Mifune qui a proposé une variante du Judo de Kano plus explosive et simplifié et qui a donc pu séduire l’Occident, justifiant la popularité du Judo).
    MAIS je trouve celui de Jigoro Kano plus « fondamental » dans le sens ou sans son audace et son ambition, le ju-jutsu aurait jamais évolué et on serait resté encore sur du ju-jutsu traditionnel (le Judo même si c’est pas mon sport favori est une évolution, qu’on aime ou pas).
    A mon sens il en faut plus des personnes comme ça pour casser les codes et proposer du NEUF.
    Bien que maintenant le Judo est devenu un classique, mais à l’époque c’était probablement une révolution…

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