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Faisons connaissance avec André Zeitoun

Nous rencontrons André Zeitoun, un ancien combattant français de muay thaï, devenu aujourd’hui coach. André va nous raconter son parcours dans les arts martiaux et son amour pour le muay thaï. Il va également nous parler de ses idoles et des combattants français qui ont popularisé le muay thaï en France.
Enfin, André Zeitoun va nous donner son avis sur le MMA et nous parler de ses prochains objectifs.
Bonne lecture !

Faisons connaissance avec André Zeitoun

Bonjour André Zeitoun comment vas-tu ?

Bonjour Brandon, je vais très bien merci !

À quel âge as-tu commencé les arts martiaux et les sports de combat ?

J’ai commencé par le judo quand j’étais très jeune, puis le karaté et la boxe anglaise, dans ma citée des 4000 à la Courneuve (93). Il y avait énormément de potes qui pratiquaient les arts martiaux et les sports de combat. C’était hyper à la mode dans la fin des années 70. Mon père a eu une carrière en boxe anglaise et mon grand frère a également pratiqué la boxe. Donc tout naturellement, je me suis orienté vers les sports de combat, car j’ai reçu une véritable « éducation » boxe à la maison.

Peux-tu nous raconter ton parcours et ta carrière ?

J’ai fait quelques compétitions en karaté à Drancy (93) avec Christian Bahfir et Omar Benamar comme professeur. Puis nous nous sommes dirigés vers la boxe thaïlandaise. J’ai démarré le muay thaï chez Christian Bahfir (triple champion d’Europe) puis chez Monsieur Roger Paschy ( véritable précurseur en France et en Europe) le 5 novembre 1980. J’ai fait 19 combats, 14 victoires, et j’ai été champion de France classe B.

Dans une interview, tu dis « la boxe est un sport, la boxe thaï est un art », comment expliques-tu ton amour inconditionnel pour cet art martial ?

La boxe est un sport, elle est vécue comme un sport par tout le monde. Le muay thaï est un véritable art avec une identité, une histoire, une culture, une philosophie. C’était un art de combat du peuple thaï.

J’aime cet art, car il est sincère, c’est un art honnête. Il n’y a pas de place à la fioriture dans le muay thaï, car toutes les techniques utilisées sont uniquement relatives au combat et rien qu’au combat. C’est un art très complet dans son ensemble, ou la beauté technique, le travail physique et l’effort moral sont indissociables. Ces trois éléments doivent être en totale harmonie.

S’entraîner en Thaïlande est une condition indispensable pour devenir un bon combattant de muay thaï ?

Non, je ne crois pas qu’aujourd’hui il faille obligatoirement s’entraîner en Thaïlande pour devenir un bon combattant ! D’ailleurs en France nous avons d’excellents entraîneurs, coachs et managers qui ont fait leurs preuves depuis bien longtemps. Ils ont sorti d’immenses champions qui résonnent encore dans nos oreilles.

Est-ce que lors d’un combat particulièrement important, une action ou une technique t’as marqué l’esprit plus que les autres ?

Oui, c’était en 1999. Jean-Charles Skarbowsky (mon élève pendant près de 13 ans) affronte un champion écossais lors d’un très beau gala organisé à St Ouen. Ce jour-là je sais que Jean-Charles a très mal au pied à cause d’une blessure qui traîne depuis assez longtemps. Il monte sur le ring avec cette blessure qui lui fait très mal, mais il ne me le dit pas. Dès le tout début du combat, il shoote avec ce pied qui lui fait tant mal. Puis au bout de quelques secondes il met KO son adversaire sur une série d’enchaînements. En fait, il s’avère que Jean-Charles avait le pied cassé en montant sur ce ring de St Ouen. On l’a su après le combat lors d’une radio. Ce soir-là j’ai trouvé que Skarbowsky avait une volonté et une détermination hors du commun, un véritable guerrier.

Tu as entraîné de grands champions du monde et d’Europe, la liste est longue. Tu peux nous parler plus particulièrement de Jean Charles Skarbowsky et de Jérôme Le banner ?

Jean Charles Skarbowsky est un travailleur acharné à l’entraînement. Déterminé, passionné, talentueux, courageux, il se donne à mille pour cent à chaque entraînement. Il est sérieux à la salle, modeste avec beaucoup d’humour. Jérôme Le Banner est également un acharné à l’entraînement. Ces deux combattants sont ainsi de véritables champions dans tous les sens du terme ! Pour moi ils sont donc devenus des icônes du muay thaï français.

Jérôme Le Banner est à mon sens le plus grand poids lourd français de tous les temps. J’ai eus également de très grands boxeurs qui ont eu l’occasion de se produire un peu partout dans le monde et qui ont ramené de très belles victoires.

J’aimerai remercier ici tous les compétiteurs (nakmuay) que j’ai eu tout au long de mes années de coach. Ils m’ont fait vivre des moments exceptionnels. Merci du fond du cœur !!!

André Zeitoun avec Jérôme Le Banner

As-tu une « idole » dans le monde des sports de combat ou des arts martiaux ?

Oui bien sûr que j’ai des idoles. Mr Roger paschy, mon maître japonais Toshio Fujiwara, le Thaï Samart Payakaroon, l’Américain Bill Wallace, le Coréen Maître Ryu.

Peux-tu nous raconter à quoi ressemble un entraînement que tu donnes dans ton club ?

Depuis que j’ai changé de club et d’endroit, mon enseignement a aussi véritablement changé. Je n’ai plus à l’esprit et en point de mire la compétition. Je suis davantage à la recherche du détail technique, pour petit groupe mixte. Mon cours ressemble donc plus à un cours d’art martial. J’essaie de promouvoir la beauté gestuelle.

Un petit mot sur les autres boxes pieds-poings ?

Tous les autres arts de combat, toutes les autres boxes sont extraordinaires. C’est l’homme qui fait l’art et pas l’inverse.

Pour quelles raisons conseillerais-tu le muay thaï aux jeunes et aux personnes qui aimeraient pratiquer un art martial ?

Je conseille à quiconque de pratiquer un art de combat ou un sport de combat, car c’est l’école de la vraie vie ! On y apprend tellement de choses. Souffrir en silence, progresser pour être une meilleure personne, rendre fier et heureux son entourage, sa famille, mieux vivre au quotidien. Alors oui, je dis haut et fort qu’il faut pratiquer un art de combat, et ce, de manière régulière.

Tu as dit dans une interview «On ne doit pas venir à la salle pour être fort, mais pour être heureux».
Selon toi, être heureux, c’est une condition indispensable pour progresser ?

Un nouvel élève pense qu’il va devenir fort en pratiquant un art martial, car il va apprendre des techniques de combat. Ce qui n’est pas totalement faux. Mais ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il va être de plus en plus heureux pendant son long apprentissage. À condition qu’il s’entraîne régulièrement sans compter les jours, les mois et les années d’entraînement. L’art te rend heureux si tu lui ouvres ton cœur, ton âme, ton esprit, ton corps. Alors oui, sois heureux pour être encore meilleur.

Tu as coaché de nombreuses célébrités venant du cinéma ou de la politique. Es-tu plus indulgent dans tes entraînements avec ces personnalités ?

Je suis pareil avec tout le monde lors de mes cours, je ne fais donc aucune distinction. Chaque élève a besoin d’être dirigé, coaché, et surtout chaque élève a besoin d’être aimé, car les arts martiaux sont une histoire d’amour, de passion, de rires, de larmes, d’émotions extraordinaires. Un élève est une personne qui veut apprendre à être heureux à travers un art, en somme à travers son prof.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui aimerait tout comme toi à l’époque, évoluer parmi les meilleurs au monde ?

Le conseil que je donnerai à un tout jeune pratiquant, si je peux me permettre, c’est d’avoir la patience d’apprendre sans relâche, d’être passionné, d’être amoureux de son art, d’être positif même dans les moments de doutes.

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Penses-tu que la popularité du MMA peut freiner celle du muay thaï ?

Non pas du tout ! Il y a de la place pour toutes les disciplines, le MMA est une discipline qui va cartonner de plus en plus, on aime ou on n’aime pas, mais force est de constater que le MMA passionne de plus en plus. Le nombre de pratiquants ne cesse de croître, et puis on ne va pas se mentir, le MMA est un sport extrême, hyper efficace. Les pratiquants sont aujourd’hui de véritables athlètes, ils sont très forts à tous les niveaux et ils s’entraînent comme des guerriers, des aventuriers des temps modernes.

Que penses-tu des gens qui changent fréquemment de clubs ?
La loyauté à un club et un professeur est-elle obligatoire pour bien progresser ou au contraire conseilles-tu de changer plusieurs fois de clubs pour avoir différentes expériences ?

L’élève évolue, l’élève grandit, l’élève change, l’élève mute, il faut que le professeur se remette en question de temps à autre pour également évoluer, grandir avec l’élève sinon il va se retrouver avec des éternels débutants. Ceci étant, il y a beaucoup d’élèves qui changent constamment de club et de prof. Je ne suis pas très fan de ce genre de personnage, car n’oublions jamais que le prof donne beaucoup de sa personne. Il s’offre littéralement à l’élève, il permet à l’élève de se construire, de vivre un début de passion, mais il faut aussi que le prof soit honnête envers l’élève. C’est un échange d’amour ! Il n’y a pas de vérité dans mes mots, dans mon analyse, c’est juste un sentiment que je te donne ici. Chacun fait comme il peut et comme il veut, à condition d’être sincère et honnête.

Quels sont tes prochains objectifs ?

Mes prochains objectifs sont clairs. Je veux continuer à enseigner mon art, être entouré d’élèves heureux tout comme moi. Je veux évoluer dans la continuité et me rapprocher encore plus de la beauté gestuelle, de la technique qui fait briller les yeux et le cœur.

Un dernier mot André Zeitoun ?

Pour conclure ton interview, j’aimerais si il te plaît ajouter une dernière chose. Je ne fais plus de compétition du tout ! Je suis très heureux dans ma nouvelle petite salle dédiée uniquement au muay thaï où à chaque cours nous sommes un petit groupe de personnes passionnées et enthousiastes. Enfin, je tiens à te remercier Brandon pour ce petit bout de vie partagé.

Conclusion

Merci beaucoup André Zeitoun pour tes réponses sincères. Tes élèves ont de la chance d’avoir un professeur avec autant d’expérience et une aussi belle mentalité. Tu parles avec ton cœur, le muay thaï fait partie intégrante de ta vie et cela se ressent complètement à travers tes paroles. C’est grâce à des professeurs comme toi que le muay thaï continue d’être aussi populaire et a encore de beaux jours devant lui !
Merci André Zeitoun et bonne continuation !

Je vais finir par une citation en reprenant une réponse d’André qui je trouve est criante de vérité  » Chaque élève a besoin d’être dirigé, coaché, et surtout chaque élève a besoin d’être aimé, car les arts martiaux sont une histoire d’amour, de passion, de rires, de larmes, d’émotions extraordinaires. Un élève est une personne qui veut apprendre à être heureux à travers un art, en somme à travers son prof. « 


2 commentaires

  1. Bonjour André
    Est-ce que tu étais à l’école boulevard Soult début des années 80 ?
    Si c’est le cas ça me ferait plaisir de passer te voir 😂

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