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Georges Carpentier : Le Premier Français Champion du Monde

Qui est Georges Carpentier ?

Georges Carpentier surnommé «l’homme à l’orchidée» est connu pour être le premier français Champion du Monde de boxe anglaise. Il a principalement combattu au début du XXème siècle. Il est l’un des seuls boxeurs au monde à avoir combattu dans presque toutes les catégories. Avec un palmarès de 109 combats pour 88 victoires, il a marqué la France par son talent, ses origines modestes et son amitié avec d’immenses stars de l’époque.

Georges Carpentier : Le premier Français champion du monde

Sportif dès l’enfance

Georges Carpentier est né en 1894 à Liévin dans le nord de la France. Son père Benoit, est un ouvrier mineur et sa mère Angélina s’occupe de la maison et des enfants. Lorsque son père tombe malade, il ne peut plus travailler dans les mines, il trouve alors du travail où il peut pour subvenir au besoin de la famille. Georges pense alors que sa vie va se dérouler ainsi, en travaillant comme les gens de son rang dans les mines.

Lorsqu’il a 9 ans, Carpentier s’inscrit dans un club de boxe française dirigé par François Descamps, son futur entraîneur et ami proche. Ce dernier prend alors sous son aile Georges qui n’a qu’une dizaine d’années pour lui faire disputer ses premiers combats dès l’âge de 12 ans contre des adversaires beaucoup plus lourds. À 13 ans, il est alors champion de France junior de boxe française.

C’est le 1er novembre 1908 que Georges dispute son premier combat professionnel. Il affronte un anglais dans la catégorie des moins de 45 kilos. Surprise totale, l’anglais se fait disqualifier et Carpentier remporte le match. Par la suite, tout s’accélère dans la carrière de Carpentier qui ne connaît que très peu de défaites. À 15 ans, il est champion de France. À 17 ans, il est champion d’Europe des poids mi-moyens.

Un soldat remarqué et patriote

Août 1914, Georges est mobilisé pour la Guerre. Il est dans l’armée de l’air en tant que sergent aviateur. Il se distingue en participant à la bataille du fort de Douaumont à Verdun en octobre 1916.

Petit rappel historique. Beaucoup de forts ont été construits en France suite à la guerre Franco-Allemande en 1871. Ces forts sont construits pour assurer une défense plus efficace. Malheureusement, durant la première Guerre Mondiale, les Allemands détruisent beaucoup de ces forts. C’est ainsi qu’en février 1916, ces derniers occupent le fort de Douaumont qui devient un endroit de défense important pour les Allemands. Après plusieurs mois d’occupation, en octobre 1916, les forces françaises attaquent à coup de mortier ce fort provoquant l’évacuation des Allemands. C’est à cette reprise du fort de Douaumont qu’a participé Georges Carpentier. Cette bataille provoque des dizaines de milliers de morts.

À la suite de cet évènement dramatique, Carpentier est décoré et reçoit la médaille militaire en plus de sa croix de guerre qu’il a déjà obtenue. Il passe quand même plusieurs mois à l’hôpital pour récupérer de toutes ses blessures. Enfin, après sa guérison, il devient moniteur dans une école préparant les athlètes à des compétitions internationales.

Carpentier Champion du Monde

L’Europe puis le Monde

Après la guerre, Georges s’essaye au rugby en jouant comme ailier, mais le monde de la boxe lui manque. En décembre 1919, il dispute un match à Londres contre l’anglais Joe Beckett. En un round, ce dernier se fait mettre à terre, Carpentier est alors Champion d’Europe des poids lourds.

Par la suite, Georges Carpentier et sa femme partent aux États-Unis pour leur voyage de noces. Il tourne dans une série et l’accueil des Américains est fantastique. Il profite de ce voyage également pour accepter le défi de l’Américain Battling Levinsky, un match pour le titre mondial des mi-lourds. En octobre 1920, au 4ème round, Levinsky est mis KO par un Carpentier au sommet de sa forme. Il devient alors le premier français Champion du Monde en boxe anglaise.

Carpentier/Dempsey le match du siècle

Le 2 juillet 1921 est la date du match du siècle entre ces deux stars de la boxe. Jack Dempsey, l’adversaire de Carpentier est le champion du Monde des poids lourds. C’est un monument de la boxe, 66 victoires et 51 KO. Il est l’inventeur du Dempsey Roll, qui est un mouvement de roulement suite à une baisse du centre de gravité, permettant d’améliorer sa puissance de frappe grâce à la poussée des jambes.

Le stade est rempli avec plus de 80.000 spectateurs et est retransmis par radio partout aux États-Unis. Le match est très serré. Au 2ème round, Carpentier frôle l’exploit avec un superbe contre. Dempsey ne tient plus droit et voit flou, le Français est au bord de la victoire. Malheureusement ce contre destructeur laisse des traces, il se fracture la main. Carpentier parvient tout de même à résister jusqu’au 4ème round, mais sa blessure l’empêche de se battre correctement, l’américain le met KO. Après le match, Dempsey déclare « Je l’ai eu, mais si au deuxième round, il m’avait encore touché, je serais mort. »

À son retour en France, on l’accueille en héros, sa renommée est mondiale.

Un déclin douloureux

Un an après le match du siècle, Carpentier remet en jeu son titre contre Battling Siki, un sénégalais qui est normalement largement à la portée de Georges. Cependant, le match est une surprise totale après que le français tombe KO au 6ème round. Siki devient le premier Africain Champion du Monde.

Plus tard, il repart aux États-Unis affronter Gene Tunney, le nouveau champion qui a battu Jack Dempsey. Carpentier se fait à nouveau battre au bout de 15 rounds.

Ces dernières défaites sonnent la fin du monde de la boxe pour le français. Georges Carpentier ne retrouve plus sa forme d’avant et prend sa retraite sportive avec un palmarès incroyable.

Fini la boxe, Bonjour le monde du showbiz

La vie après le ring se passe à merveille pour la star française. Il s’essaie à de nombreuses passions et activités, du théâtre aux claquettes, en passant par le cinéma avant de finalement acheter un bar à Paris.

Georges part aux États-Unis, à Hollywood, tourner des films avec les plus grandes stars de l’époque comme Charlie Chaplin.

Chaplin et Carpentier

wikimedia

Il joue en 1934 dans Toboggan, un film d’Henri Decoin un célèbre réalisateur français. Ce film raconte l’histoire d’un boxeur confronté aux difficultés de la vie.

Malheureusement, Carpentier subit de plein fouet le krach boursier de 1929 et perd ainsi énormément d’argent. Il utilise le reste de ses économies pour acheter un bar sur Paris qui s’appelle « Chez Georges Carpentier ». C’est un lieu qui réunit beaucoup de stars de l’époque. D’ailleurs Carpentier est fortement apprécié de toutes ces stars et est invité dans toutes les soirées et événements importants et chics. De plus il est devenu un grand ami de son ancien rival Jack Dempsey.

La popularité de Carpentier lui permet d’exercer de nombreuses fonctions importantes. On le nomme ambassadeur du sport français à l’étranger puis président d’honneur du comité national de boxe française. Enfin, Georges Carpentier reçoit la Légion d’honneur à l’âge de 78 ans pour récompenser son immense carrière.

La fin de la Légende

C’est le 28 octobre 1975 que Georges Carpentier nous quitte à l’âge de 81 ans. Il décède d’un infarctus alors qu’il est chez sa fille à Paris. La foule est impressionnante pour son enterrement. En hommage à cet immense sportif, beaucoup de lieux portent son nom aujourd’hui, par exemple à Liévin et à Paris des salles de sport portent le nom de Carpentier.

Le 28 octobre est donc une triste date pour la boxe en France, Marcel Cerdan a perdu la vie également un 28 octobre, mais 26 ans plus tôt.

Georges Carpentier reste l’un des plus grands boxeurs français du XXème siècle avec Cerdan. Sa carrière et son combat contre Jack Dempsey qui a fait vibrer la France entière et sa vie après la boxe font de lui un homme extraordinaire qui va rester longtemps dans les mémoires.

Je vais conclure sur une citation qu’il a écrit dans son livre Mes 80 rounds le résumant parfaitement « Je n’ai pas à me plaindre, ni de la vie, ni de ma vie. Elle aura été magnifique de bout en bout avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses tristesses… Je peux partir sans avoir rien à me reprocher, sans avoir rien à regretter ».

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