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Faisons connaissance avec Sofiane Aïssaoui

Nous rencontrons Sofiane Aïssaoui, un combattant français de MMA, pancrace et Karaté Mix. Sofiane va nous raconter son parcours dans les arts martiaux. Il va également nous donner de nombreux conseils et avis dans la pratique des sports de combat.
Enfin, Sofiane Aïssaoui va nous expliquer ses futurs objectifs et ambitions.
Bonne lecture !

Faisons connaissance avec Sofiane Aïssaoui

Bonjour Sofiane Aïssaoui, comment vas-tu ?

Je vais très bien merci ! Encore plus après ma victoire expéditive lors du roi du fight 2 face à un adversaire plus que coriace.

D’où vient ton surnom The Lion ?

Mon surnom vient de l’ancien sélectionneur de l’équipe de France de MMA Ludovic Dandine (plus connu sous le nom de shadow) qui lors des préparations au monde à Vegas pendant un séjour avec le GIGN m’a dit que j’avais l’étoffe d’un capitaine et d’un leader. Et que j’avais également un cœur de lion.
Donc THE lion, même s’il préfère LE lion.
Depuis 2015 ce surnom est donc resté. Il est par la suite devenu mon entraîneur après mon titre de champion de France de pancrace donc une vraie histoire avec lui. Je garderais ce surnom à vie.

Sofiane Aïssaoui

À quel âge as-tu commencé les arts martiaux et les sports de combat ? Et pourquoi ? 

J’ai commencé le judo à l’âge de 4 ans grâce à mon papa Smaïl qui voulait un sport pour me canaliser, car j’étais un peu speed et bagarreur.
C’est donc dans le petit club du judo club de Revin que je fais les armes et performe jusqu’à mes 22 ans.

Ensuite j’ai découvert le MMA à l’âge de 23 ans, malheureusement j’aurais aimé en faire plus tôt.
J’ai commencé le MMA comme beaucoup, car c’était à la mode du coup on faisait des combats avec mon frère et des gars du quartier.
Ensuite un peu plus sérieusement en faisant mes premiers entraînements dans un quartier de Reims (croix rouge) avec pour entraîneur David Dahlmann. Puis j’ai fait mes premiers combats.

Peux-tu nous raconter ton parcours et ta carrière ?

Mon parcours est simple.

D’abord en amateur.
● Une sélection en équipe de France de MMA où je deviens titulaire.
● Un championnat du monde amateur de MMA à l’IMMAF (plus grosse organisation amateur) où je perds en 8ème de final.
● Un championnat d’Europe amateur de MMA a l’IMMAF où je finis 4ème.
● Un titre de champion de France de pancrace et vice champion de France de soumission.
● Un titre de champion du monde de MMA amateur dans la fédération WFC (un petite organisation italienne).
● Champion d’Europe et vice champion d’Europe de Luta Livre.

Puis en semi pro.
● Un passage en semi pro où je gagne le tournoi du road to contender sous la bannière de la Free Fight Academie.

Enfin chez les professionnels.
● Tournoi qui me propulse chez les pro pour le tournoi du contender ou je perds en final face à un russe et pas des moindres Abdoul Abdouraguimov (champion actuel du brave et toujours invaincu).
● Différents combats en pro avec une blessure grave lors d’un combat (fracture ouverte de la mâchoire) qui me stoppe pendant près de 1 an.

Par la suite, je change de team pour la célèbre Atch Academy car Atch me suivait et prenait souvent de mes nouvelles suite à ma blessure contrairement aux coachs de la FFA.
Je marche énormément au feeling et à l’affect. Par la suite, je continue avec,
● Des titres nationaux en Karate mix et un titre mondial lors de l’open mondial de Genève WMAG.
● La création de mon club sur Reims le Lion Fight Gym qui marche vraiment très bien.
● Et mon gala multiboxe à l’Arène des Sacres en faveur de l’association française du lupus dont je suis le parrain

Ceintures et médailles de Sofiane Aïssaoui

Quelles sont les différences entre le Karaté Mix et le Pancrace ? Tu préfères pratiquer quelle discipline ?

Sur le fond très peu de différence.
Sauf qu’en Karaté Mix, la surface de combat est un tatami avec une protection gonflable. En Karaté mix l’arbitre n’arrête jamais le combat. Il accompagne au même titre que le MMA.
La seule grosse différence concerne les protections.
Les deux activités sont complémentaires donc j’aime autant l’une que l’autre.
Et dans les deux je m’investis et espère obtenir ainsi une place de responsable régional dans ces deux disciplines.

Sofiane Aïssaoui en Karaté Mix

Quel est le combat que tu as fait dont tu es le plus fier ? Pourquoi ?

Mon combat face à Romain Debienne lors de mon Gala. Car c’était la première fois que je combattais dans ma ville à Reims. Il y avait tous mes amis et ma famille entière. Une grosse pression que je n’avais jamais eue.
Je gagne mon main event face à un soldat qui faisait 6 kilos de plus.

À quoi tu penses quand tu rentres dans l’octogone pour combattre ton adversaire ?

Pour être franc j’ai peur 10 minutes avant de rentrer et je me demande toujours pourquoi je fais ça lol.
Une fois ma musique d’entrée en route, je ne ressens plus rien et reste alors focus sur la voix de mes coachs.

Peux-tu nous raconter comment se passe une de tes semaines d’entraînement ?

Tous les midis, je fais ma préparation physique au SSE ( centre sportif ) avec Aziz mon préparateur physique.
Lundi soir, c’est mon entraînement de kick-boxing dans mon club à Reims.
Mardi soir, kick-boxing avec Karim Ghajji à la fantastique armada.
Mercredi, grappling avec mon club à Reims.
Jeudi, sparring MMA à Reims.
Vendredi, entraînement à la Atch Academy ou SSE.
Et si je peux samedi, je vais au Fitness Park de Lisses.

Tu t’entraînes souvent dans des salles confinées à plus de 40 degrés. Quels sont les bénéfices de ces entraînements à haute température ?

Oui dans une salle à 40° et une salle à 2500m d’altitude.
Les bénéfices sont donc multiples.
Gain en VMA. Perte de poids. Augmentation des capacités physiologiques malgré la faible intensité en terme d’effort. Donc pas de courbatures et de problèmes articulaires ce qui me permet de faire une grosse séance le soir.

Peux-tu nous parler de ton alimentation ?

Pour être honnête et bouchez vos oreilles. Je suis un gros mangeur mdr.
Je ne me prive jamais !
Donc un mois avant un combat, je dois perdre 8 kilos.
Je suis suivi par la célèbre Bénédicte Le Panse ( une powerlifteuse plusieurs fois championne de France et du monde ). Donc de ce côté aucun souci.

Le cutting est devenu presque indispensable dans les sports de combat. D’ailleurs pour un combat, tu as perdu plus de 5 kilos en 3 jours. Quels sont tes conseils pour faire un bon cutting sans risquer des problèmes de santé ?

J’ai déjà fait 4 kilos, 3 heures avant ma pesée.
Pour le cutting, je fais confiance en mon élève Brice Picaud qui a suivi une formation avec David Bear donc je sais que c’est plus que carré.
Malgré ça, le conseil que je donne c’est de ne pas en faire plus de 3-4 à l’année.

Imaginons que Dana White t’appelle et te donne droit à affronter trois combattants de l’UFC. Tu choisis qui ? Et pourquoi ?

Si Dana m’appelle je ne fais pas la fine bouche, je prends ce qu’il me donne. Je ne suis personne pour prétendre choisir un adversaire. Même si je sais que tonton Atch fera les bons choix comme il le fait avec tous les athlètes de la Atch Academy.
Mais si je choisis, je prends Georges St Pierre et Anderson Silva car ce sont de grands monsieurs et légendes du MMA mondial. Et j’aurais la chance de raconter que je me suis fait défoncer par deux légendes mdrrrr.
Et le troisième, je prendrais un gars pas classé dans le top 10 UFC pour me donner les chances de faire un beau fight et marquer mon nom dans l’histoire du mma français.

Tu combats généralement en -77 kilos (et avant en -84 kilos). Que penses-tu de ces catégories à l’UFC ? ( un petit mot sur les gros noms de ces catégories, Woodley, Usman, Whittaker, Adesanya … )

84 kilos c’était en amateur. Maintenant c’est uniquement en 77.
Je kiffe chacun des gars que tu cites et qui sont complètement différents de par le style, leur comportement dans et en dehors de la cage.
Mais quoi qu’il en soit, ce sont pour moi les deux catégories reines et les plus dures au monde avec les lightweight.
Il faut être le plus polyvalent et complet possible.

Selon toi, qui est le plus grand combattant de MMA de tous les temps ? Pourquoi ?

Pour moi il y a Fedor Emelianenko car il a marqué son temps avec le Pride et Georges St Pierre avec l’UFC.
Deux athlètes hors normes avec une modestie incroyable, et foncièrement bons.

En MMA, tu penses qu’il vaut mieux être plus à l’aise en striking ou en grappling ? Pourquoi ?

La tendance actuelle dirait un bon lutteur. Il y a juste à voir les champions actuels.
Mais peut-être que cela changera.
Je pense quand même qu’il faut être complet pour mettre en danger son adversaire dans tous les compartiments.

L’UFC est ton objectif ultime ?

Comme tout le monde, j’aimerai y combattre. Dans ton CV sportif, ça marque.
Mais je suis réaliste avec mon boulot, je ne pourrai peut-être jamais y aller.
Mon objectif à court terme est un combat au Cage Warriors.
Et le rêve, étant judoka et rêvant du Pride et du Japon, c’est de faire un combat au Rizin.

Dans son interview, Fouad Ezbiri m’a dit que la principale différence entre les combattants pros et amateurs, c’est l’expérience. Tu es d’accord avec lui ou tu penses qu’il y a autre chose ?

Oui l’expérience joue pour beaucoup. Mais surtout la stratégie.
J’ai déjà gagné contre des gars où sur le papier je suis mort. Mais je connais mes qualités et défauts et je me renseigne également sur ceux de mes adversaires et joue beaucoup dessus.
Pour moi un combat c’est beaucoup de la stratégie.

Sofiane Aïssaoui contre Said Ali Hamid

Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui aimerait tout comme toi, évoluer à très haut niveau ?

Je lui dirais de se donner les moyens.
Ne crois pas que tu vas en vivre. Rares sont ceux qui y arrivent.
Qu’il soit prêt à faire des concessions familiales et/ou professionnelles.
Qu’il ne regrette rien.
S’entourer de personnes bienveillantes dans et en dehors du sport.
Être loyal envers sa team et redevable envers ses coachs.
Et surtout rester humble.

Tu as ouvert ton club il y a bientôt 3 ans. À quoi ressemblent les cours que tu donnes ? Un petit mot sur ton club ?

Le Lion Fight Gym propose différents cours (Kick, MMA, Grappling, Karate Mix et Judo.) Accessible dès l’âge de 4 ans. Pour tous niveaux.
En terme de résultats nous sommes connus et reconnus malgré l’animosité d’autres clubs aux alentours…
La preuve nous donnons des cours à des patrons d’entreprises. Nous sommes souvent appelés pour des démonstrations pour les club de D1 basket. Nous donnons également des cours dans la célèbre école de commerce NEOMA. Et sommes aussi suivis par les élus de la ville de Reims.

C’est un club complet et formateur (compétiteur, entraîneur ou arbitre)
La compétition n’est donc pas la finalité.
Un club familial et loisir. Les amateurs, les semi pro et pro s’entraident ainsi sans faire de différence.
C’est donc un club multiculturel et multigénérationnel.

Que conseilles-tu comme disciplines pour les personnes qui souhaitent apprendre à se défendre ?

La boxe et la lutte ne sont pas complets. Le krav maga… désolé si je vais vexer des gens, mais c’est du baratin. Je trouve qu’on forme des gens et on leur fait croire qu’ils vont savoir se défendre dans toutes les situations. Personnellement, je sais me battre, mais si je vois une arme je fais comme tout le monde, je cours.
Le MMA est le plus complet si on se défend face à un adversaire sans armes. Et c’est surtout la forme de combat le plus proche de la réalité.

Est-ce que le fait d’être père change ta façon de combattre ? Ou est-ce une vraie source de motivation ?

Complètement ! Ma fille Aliyah est une source inépuisable de motivation.
Qui plus est, elle en fait depuis deux ans. Donc, elle commence à être coriace tout en étant glamour mdr.
À la base je me suis toujours juré de ne pas faire de guerre, car je trouve ça débile de taper pour taper et faire plaisir à des gens qui potentiellement s’en foutent de toi.
Mais avec ma fille c’est pire.

Sofiane Aïssaoui avec sa fille

Elle m’a vu dans un mal absolu après mon opération de ma fracture ouverte de la mâchoire. Cela nous a donc profondément liés.
Elle s’est occupée de moi et me faisait les petits soins. Je n’ai pas parlé pendant près d’un mois et malgré tout elle comprenait tout ce que je faisais et m’accompagnait. C’était la seule personne qui n’avait pas pitié pour moi quand j’avais perdu 15 kilos. Au contraire, elle essayait de me faire manger alors que c’était impossible.
J’ai surmonté cette épreuve grâce à elle, car je m’étais enfermé et isolé.

Tu penses que la légalisation du MMA en France est pour bientôt ?

Je l’espère, apparemment c’est pour septembre.
On verra les conditions de l’acceptation. Je m’attends au pire avec les politiciens des fois…

Que comptes-tu faire après ta carrière en MMA ? Une future carrière d’acteur après ton rôle dans Pompon Girl ?

Tu es bien renseigné ! J’ai tourné dans trois films (courts métrages) dont un, où j’ai eu le rôle (pompon girl film de Jessica Palud) de l’entraîneur de la femme qui venait de se faire agresser dans la rue.
Un jour un long métrage avec un rôle ça serait tellement beau.
Je ne veux pas rester dans l’étiquette du combattant. Donc je me diversifie pour prendre du plaisir partout et comme ça le jour où tout s’arrête je ne déprimerais pas.
Ma nouvelle lubie est d’apprendre à faire du piano. Mais c’est pas encore ça mdrrr

Quels sont tes prochains objectifs ?

J’aimerais encore faire un ou deux combats de pancrace et aussi des combats en mma.
Un autre de mes objectifs est une signature dans une organisation majeure.
Je pourrais mourir en paix après ça.
Mais comme toujours je ne gère pas ça. C’est Atch. Moi je lui fais confiance.
Il me recadre avec shadow, Johnny Frachey et Arnaud Templier quand je fais n’importe quoi.
Tout comme mes amis (Karine, Arnaud, Remuss, Clément, Sébastien, Éric), ma famille (Smail, Malika, Lyece, Fahem, Mehdi, Sirine, Karen….) et mes élèves.

Sofiane Aïssaoui et ses proches

Un dernier mot ?

Encore merci à toi Brandon pour cette interview au top.
Merci à tous ceux qui me suivent et les prochains qui me suivront.
Merci à mes sponsors et partenaires qui me soutiennent depuis le début jusqu’à aujourd’hui.
J’espère vous rendre fier le plus longtemps possible et aller le plus loin possible.
Que dieu vous protège tous.
Rendez-vous fier et rendez fiers vos proches.
Prenez du plaisir dans ce que vous faites.
Ne vous prenez pas au sérieux dans ce que vous faites.
Et enfin, savourez chaque moment, la vie est courte.

Conclusion

Un énorme merci Sofiane Aïssaoui pour tes réponses et ta gentillesse. Tu as pris le temps de bien nous expliquer tout ton super parcours et tes paroles sont pleines de sagesse. Tu as connu de grands moments avec tes nombreux titres, mais tu as aussi connu des moments difficiles avec ta grosse blessure. Malgré ça, tu as continué à positiver en redoublant d’efforts pour revenir au plus haut niveau. C’est dans ces moments qu’on reconnaît un vrai combattant ! Aujourd’hui tous les voyants sont aux verts selon moi pour que Dana White t’appelle prochainement 😀 Si jamais, ce n’est pas le cas, j’espère te voir rapidement aux Cage Warriors.
Merci Sofiane Aïssaoui et bonne continuation !

Je vais conclure cette interview par cette citation « Reste fort lorsque tu te sens faible, brave lorsque tu as peur et humble lorsque tu es victorieux ».

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